Les investisseurs français « positivent »

Malgré les lenteurs administratives, le pays reste attractif.

Publié le 14 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Le successeur désigné du président mozambicain Joaquim Chissano mènera-t-il à bien les réformes économiques tant attendues par les partenaires du pays ? Riche homme d’affaires, Armando Emílio Guebuza, 61 ans, n’est pas un inconnu à Maputo. Plusieurs fois ministre, il a été en 2000 le chef du groupe parlementaire du parti au pouvoir, le Front de Libération du Mozambique (Frelimo), avant d’en devenir en 2002 le secrétaire général. Il en est aujourd’hui le candidat à la présidentielle de décembre 2004. Mais pour les investisseurs étrangers, en particulier les Français, son programme économique n’est « pas lisible », de même d’ailleurs que celui de l’opposition.
Au-delà de cette perspective électorale, le séminaire organisé le 10 juin à Paris par Jacqueline Huguin, du département Afrique d’Ubifrance (anciennement Centre français du commerce extérieur), a permis un échange entre les différentes entreprises françaises déjà installées (Alstom, Alcatel, BNP Paribas… ) et les candidats à l’investissement. Le pays offre le taux de croissance économique le plus élevé en Afrique australe – 7 % en 2003, 8 % attendus en 2004 – et un potentiel formidable (ressources minières, terres arables, hydroélectricité, gaz naturel, tourisme, ports…).
Mais la « mentalité économique » du gouvernement évolue à pas de tortue vers le libéralisme. Les lenteurs administratives, la corruption, la volonté de tout contrôler… sont autant de handicaps qui découragent les investisseurs. Le code du commerce, d’inspiration portugaise, date de plus d’un siècle. La législation du travail bloque l’emploi de personnel qualifié venu de l’étranger alors que le pays manque de cadres. Le gel incompréhensible du remboursement de la TVA et la non-application des facilités d’investissement approuvées pourtant par le gouvernement font fuir les entreprises les mieux intentionnées.
Il n’empêche. Les bailleurs de fonds ne veulent pas désespérer trop vite : il n’y a pas dans ce pays de conflits ethniques ni de risque de guerre civile. Il faut donc, disent-ils aux investisseurs, patienter en encourageant les autorités à poursuivre leurs efforts de bonne gouvernance. L’aide extérieure couvre ainsi 50 % du budget de l’État, avec un apport de 571 millions de dollars en 2004, selon Pierre-Henry Lenfant, chef de la mission économique française à Maputo. Le Mozambique est parti, reconnaît-il, de très bas, après dix années de lutte pour l’indépendance (1975), suivies par dix-sept ans de guerre civile (1976-1992) entre les partisans du Frelimo et leurs rivaux de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo). Les Mozambicains en ont beaucoup souffert et continuent à ce jour d’en subir les conséquences : plusieurs millions de mines antipersonnel sont encore actives dans le pays. Pour Azmina Goulamaly, qui dirige le premier projet d’aquaculture du pays (2 100 tonnes de crevettes, 35 millions d’euros d’investissement), « il ne faut pas se focaliser sur la bureaucratie et autres aspects négatifs. Le retour sur investissement est très intéressant ». Une façon de « positiver », à la française !

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