Gaza : l’évacuation aura lieu

Publié le 14 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Heureusement pour Ariel Sharon qu’il y a George W. Bush. À la tête d’un gouvernement désormais minoritaire à la Knesset, désavoué par son propre parti, le Likoud, ayant dû limoger deux de ses ministres et enregistrer la démission de deux autres, le chef du gouvernement israélien ne peut guère compter que sur le président américain pour soutenir sans états d’âme – il en a peu – son plan de « désengagement » de la bande de Gaza. Le principe en est, certes, approuvé par l’opposition travailliste, par l’Autorité palestinienne et par l’Égypte, mais en l’assortissant de réserves qui en ajournent une réalisation encore aléatoire.
C’est donc une « coalition » en crise qui va devoir mener à bien l’une des reculades les plus spectaculaires jamais décidées par un gouvernement israélien. Cette coalition, entre le Likoud, le parti ultralaïque mais assez antiarabe Shinoui et les deux formations d’extrême droite, l’Union nationale (UN) et le Parti national religieux (PNR), disposaient, en effet, d’une majorité de 68 députés à la Knesset. Mais le limogeage, le 4 juin, d’Avigdor Lieberman et de Binyamin Elon s’étant soldé par la perte de sept députés de l’UN, c’est de justesse que Sharon, le 6 juin, put faire approuver son plan par les membres restants du cabinet. Lequel, néanmoins, a vu partir, le 8 juin, deux des porte-parole des colons : le ministre du Logement Effi Eitam et le vice-ministre des Affaires sociales Itzhak Lévy, du PNR : ce qui réduit maintenant à 59 voix sur 120 la « majorité » parlementaire de la coalition.
Illustration des subtilités de la politique israélienne : les ministres restants du PNR, conduits par celui des Affaires sociales, Zevulun Orlev, ont fait savoir qu’ils ne démissionneraient pas, du moins pour le moment, et réexamineront l’éventualité de leur retrait dans trois mois. Orlev a même demandé à Eitam de quitter la présidence du PNR. Mais celui-ci a refusé, affirmant sa détermination à convaincre ses autres collègues de l’imiter. Et de rendre publique, lors d’une réunion de leur groupe parlementaire, une lettre à eux adressée par l’ex-grand rabbin Mordechai Eliahu, leur enjoignant catégoriquement de quitter sans attendre un cabinet et une coalition « qui abandonne des parties de la terre d’Israël et veut démanteler des colonies en contradiction flagrante avec la Torah ».
Il ne fait guère de doute, cependant, que l’abandon de la bande de Gaza – où 7 500 colons prétendent dicter leur loi à 1,5 million de Palestiniens – aura bien lieu, d’une manière ou d’une autre. Selon le projet actuellement adopté, l’évacuation forcée des implantations devrait commencer le 1er septembre 2005 pour s’achever deux semaines plus tard. Mais, selon un document présenté le 9 juin aux ministères concernés, une évacuation volontaire pourrait commencer dès le mois d’août prochain, les colons qui s’y résoudraient devant recevoir aussitôt des compensations financières et pouvant même s’installer dans des villes nouvelles spécialement construites pour eux.

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