Ebola : les grands singes menacés

Des milliers de gorilles et de chimpanzés seraient morts durant les dernières épidémies survenues en Afrique centrale.

Publié le 14 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Le virus Ebola, identifié pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo (ex-Zaïre), est à l’origine de plusieurs épidémies mortelles en Afrique centrale. L’infection se manifeste chez l’homme par une fièvre hémorragique qui entraîne la mort en quelques jours dans 80 % des cas. Le virus, qui se transmet par contact direct, provoque une mortalité aux conséquences sociales et économiques importantes. Aucun médicament ou vaccin n’étant disponible actuellement, seuls la prévention et le contrôle rapide des épidémies par isolement des malades permettent d’en limiter l’extension.
Selon les chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), les épidémies humaines proviendraient de deux vagues successives de contamination entre espèces : une première vague de contamination du réservoir à certaines espèces sensibles, tels les gorilles, les chimpanzés et les bovidés, puis une seconde durant laquelle l’homme s’infecte auprès des carcasses de ces animaux, eux-mêmes victimes du virus. Les analyses génétiques du virus pratiquées sur des échantillons de sang des malades ont montré que les chaînes épidémiques résultaient de plusieurs souches.
Par ailleurs, le dénombrement de carcasses retrouvées dans la forêt et les calculs d’indices de présence des animaux (fèces, traces, nids, etc.) ont révélé une hausse importante de la mortalité chez certaines espèces animales avant et pendant les épidémies humaines. Les populations de gorilles et de bovidés auraient ainsi chuté de 50 % entre 2002 et 2003 dans le sanctuaire de Lossi (320 km2) en République du Congo, celles de chimpanzés de 88 %. Des centaines, voire des milliers, d’animaux seraient morts durant les dernières épidémies survenues dans la région. Leurs carcasses étaient infectées par le virus. Le déclin rapide des populations animales dans cette région de l’Afrique serait donc dû à Ebola.
Les épidémies ne résulteraient pas de la propagation d’une seule épidémie d’individu à individu, mais plutôt de contaminations massives et simultanées des primates à partir de l’animal réservoir à la faveur de conditions environnementales particulières. La contamination de l’homme s’effectue dans un second temps, généralement au contact des cadavres animaux. La découverte de carcasses infectées peut donc s’interpréter comme un signe avant-coureur d’une épidémie chez l’homme. La détection, puis le diagnostic, de l’infection par Ebola sur ces carcasses pourrait permettre d’instaurer un programme de prévention et de lutte contre la transmission du virus à l’homme avant même l’apparition des épidémies humaines, augmentant ainsi les chances de les limiter ou de les éviter. On ne connaît pas, cependant, les conditions environnementales requises pour leur émergence, ni quel est l’hôte, réservoir naturel du virus, qui contamine les grands singes.

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