Douala-Yaoundé, match nul !

Publié le 14 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

Elle a ses aficionados et ses détracteurs. En tout cas, qu’on l’aime ou pas, on la compare
toujours à sa rivale. Dans le match qui oppose Douala, le port maritime et la métropole économique du Cameroun, à Yaoundé, la capitale politique, laquelle des deux l’emporte ? « J’adore Douala, parce qu’il y fait toujours chaud », dira celui-ci. « Pouah ! Douala est une étuve. C’est insupportable ! Il y pleut même quand il ne pleut pas. Les vêtements
collent à la peau, et les moustiques y sont particulièrement méchants ! » rétorquera celui-là. Et les mordus de Yaoundé d’affirmer que la ville aux multiples collines, plantée dans un décor luxuriant, est un havre de fraîcheur en toutes saisons. Sur ce plan, force est de reconnaître que Douala n’a pas grand-chose à opposer. On ne peut même
pas dire qu’on y bénéficie de la mer. Pas de belles plages de sable fin à proximité… Un point de plus pour Yaoundé.

C’est sur le plan des affaires que Douala l’emporterait. Pour preuve, outre la présence
d’un grand nombre d’entreprises, dans les domaines d’activité les plus variés, la ville du littoral abrite également la plupart des grandes écoles du pays, privées pour l’essentiel, qui préparent au management. Un sens des affaires qui a marqué de son sceau la mentalité des habitants du grand port. « À Douala, les gens sont plus battants, plus dynamiques et plus optimistes qu’à Yaoundé et dans le reste du pays », martèle ce jeune chef d’entreprise. Et d’opposer aux entreprenants doualais les habitants de Yaoundé, qui
seraient des fonctionnaires dans l’âme. « À Yaoundé, une fois qu’ils ont terminé leurs études supérieures, les jeunes ne pensent qu’à entrer dans la fonction publique », persifle ce dernier.
Côté ambiance nocturne, Douala l’emporterait encore. « À Douala, on s’amuse plus qu’à
Yaoundé. Il y a davantage de boîtes. C’est plus décontracté. » Ainsi, Yaoundé serait trop sage, trop guindée. Ici pas de vie nocturne très endiablée. Et la bonne mise (vestimentaire) y est de rigueur. Alors pour « s’encanailler », mieux vaut aller à
Douala. D’ailleurs, avec ses matelots et ses bars, le port de Douala, lieu cosmopolite par excellence, aurait suscité plus d’une vocation musicale. N’est-ce pas là que Manu Dibango se frotta aux musiques venues d’ailleurs ? Même s’il n’eut pas l’occasion d’y
pénétrer, il fut fasciné par les hôtels Atlantic et Lido, sources d’inspiration musicale, où se mêlaient Noirs et Blancs. « Quand les Africains reviennent le soir au quartier, ils nous apprennent les airs à la mode Ces chansons nous accompagnent lors de nos parties de ballon », raconte-t-il dans Trois kilos de café, son autobiographie parue en 1989.

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Comparée à sa bouillonnante rivale, ouverte sur le monde depuis des décennies, Yaoundé
semble avoir été plus longtemps protégée des « mauvaises » influences extérieures.
La fièvre du business et la fiesta n’ont pas que de bons côtés. Douala, la gigantesque, a aussi ses revers. Côté face, c’est la réussite et l’opulence de ceux qui ont trop bien réussi. Côté pile, c’est la pauvreté. Avec son corollaire, la délinquance, grande ou petite. Et le sida. Non pas que Yaoundé soit épargnée. La prostitution y a ses boîtes et ses clients, et les larcins ne manquent pas. Mais il paraît qu’à Douala, ça craint ! Dès que la nuit tombe, on ne roule plus que portes et vitres fermées. Pas question de se balader à pied n’importe où. Quant aux beaux quartiers, ils résonnent d’aboiements. Car, outre une kyrielle de gardiens, toutes les belles demeures sont surveillées par une meute de chiens. Sans oublier les dispositifs de sécurité les plus sophistiqués. En bref, Douala connaît le sort de toutes les grandes villes du monde : prospérité, pauvreté, volupté et insécurité ! Ainsi, en matière de tranquillité, Yaoundé marque un point. Moins dangereuse, la belle endormie ! Tout compte fait, il y a égalité. Match nul donc.

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