Des ministres « américains »
Bien que le tiers des trente-trois membres du nouveau gouvernement irakien ont passé la plus grande partie de leur existence dans l’Irak de Saddam Hussein, cinq des six principaux ministères sont occupés par des personnalités qui ont surtout vécu à l’étranger. Deux au moins sont citoyens américains. Outre le Premier ministre Iyad Allawi, qui a participé à un complot contre Saddam financé par la CIA, sept autres ministres au moins appartenaient à des organisations d’exilés financées par les États-Unis. Le ministre des Communications possède une maison à Cambridge, dans le Massachusetts, où il est toujours inscrit sur les listes électorales. Le ministre de l’Électricité, lui, est propriétaire d’une maison dans la banlieue de Chicago. Il a laissé un message sur son répondeur, où il se dit « provisoirement absent ». Le ministre de l’Industrie, qui a fait des études à l’université du Connecticut, a vécu aux États-Unis de 1979 à 2003, date à laquelle il est revenu en Irak.
Dans un pays où la réussite politique dépend de l’habileté avec laquelle on fait la part égale entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes, technocrates et politiciens, il va falloir ajouter un nouveau talent d’équilibriste entre ceux qui n’ont jamais quitté l’Irak et ceux qui rentrent d’exil. Sans parler des relations difficiles avec les membres de l’ancien Conseil de gouvernement transitoire (CGT) qui n’ont pas été choisis pour faire partie des nouvelles instances dirigeantes. Ainsi, Adnan Pachachi, qui a raté de peu la présidence, s’est aussitôt replié vers les Émirats arabes unis, où il vivait en exil avant 2003, et se demande s’il se présentera aux élections prévues en 2005.
De même, l’ancien ministre des Affaires sociales, Fouad Hussein, se prépare à rentrer aux Pays-Bas, où sa famille l’attend. Il se donne un délai de deux mois pour décider s’il revient en Irak ou s’il reprend ses activités de consultant sur le Moyen-Orient.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Samir Sharkir Mahmoud el-Soumaidy, a lui aussi annoncé son intention de retourner à Londres s’occuper de ses affaires. Il y retrouvera sa famille, qui est restée là-bas. Il n’exclut pas complètement l’éventualité de revenir à Bagdad et d’y assumer des responsabilités politiques.
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