[Chronique] Le bye-bye des « shithole countries » à Donald Trump
L’issue de l’élection américaine ne changera pas la face du continent mais pour autant, l’Afrique ne se désintéresse pas du sort du fantasque Donald Trump. Avec, toutefois, une certaine ambivalence.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 novembre 2020 Lecture : 2 minutes.
En meeting électoral le 16 octobre dernier, Donald Trump indiquait que perdre contre le « pire candidat de tous les temps » l’humilierait au point qu’il devrait peut-être quitter les États-Unis. Des pays africains seraient-il tentés d’accueillir le président déchu ? Censément pas les « pays de merde » (shithole countries) que le chef de l’État sortant montrait d’un doigt dédaigneux en janvier 2018. Quoique…
Les Africains ne condamnaient pas les sorties « trumpiennes » de manière systématique ou unanime. Pas plus que son ton franc et viriliste, que ne réprouvent pas nombre de citoyens africains chez leurs propres dirigeants, ni même le fond de la pensée trumpienne qui, dans le cas de la saillie contre les shithole countries, avait réjoui les plus martyrisés des opposants aux régimes du continent souffrant de mauvaise gouvernance.
Saluts protocolaires
Comme de bien entendu, les chefs d’État africains saluent protocolairement l’arrivée de Joe Biden, évoquant « sa vaste expérience » (Muhammadu Buhari), la promesse « d’unité, de sécurité et de prospérité » (Nana Akufo-Addo) ou encore la perspective d’un « accord commercial donnant aux nations africaines un accès en franchise de droits aux marchés américains » (Yoweri Museveni).
Omar Trump Bongo s’accroche au pouvoir comme un dictateur africain
Les internautes les plus satiristes évoquent, eux, le grognon « Omar Trump Bongo, qui s’accroche au pouvoir comme un authentique dictateur africain » et dont l’obstination pourrait justifier « une force d’interposition menée par l’armée de mer du Tchad, pays enclavé ».
État de grâce éphémère
Mais si des intellectuels comme Alain Mabanckou se réjouissent de la fin de « l’image risible affichée par les États-Unis ces quatre dernières années », la frange anticonformiste des politologues amateurs du continent n’accordera à Joe Biden qu’un éphémère état de grâce.
Quant à la popularité, en Afrique, de Kamala Harris, la première femme vice-présidente américaine – une simili-Africaine-Américaine au sang jamaïcain et indien –, elle donne l’occasion d’exhumer l’une de ses joutes oratoires avec Joe Biden lors des primaires, qui n’avait pas échappé aux Africains.
En plein débat télévisé, la colistière du nouveau président, alors opposée à ce dernier, avait accusé le septuagénaire blanc d’avoir entretenu des relations courtoises avec deux sénateurs ségrégationnistes et de s’être opposé, dans les années 1970, au « busing », qui visait à promouvoir la mixité raciale en transportant des élèves noirs dans des écoles majoritairement blanches.
Qu’importe. Les propos des primaires étant déjà aussi anachroniques que ceux des seventies, il reste de « Joe » l’image d’un « brave type » gaffeur, martyrisé par la vie et vice-président du premier chef d’État américain d’origine africaine, Barack Obama.
Trump, lui, tombera-t-il instantanément dans les oubliettes de l’indifférence africaine ou le continent continuera-t-il de scruter les tweets que le milliardaire envoie du fond de son lit parsemé de miettes de cheeseburger ?
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