Vos lettres et courriels sélectionnés

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 5 minutes.

Nicolas Sarkozy a gagné les élections grâce à son pragmatisme et à son populisme qui frôle l’idéologie lepéniste. Il a réussi à caresser les Français dans le sens du poil, à les rassurer et à leur ouvrir les portes du paradis. Aura-t-il les moyens de ses ambitions et promesses ? Rappelez-vous l’arbre à pommes de Jacques Chirac.
Docteur Hatem Longo, Redeyef, Tunisie

Voie royale
Les socialistes ont ouvert une voie « royale » à Sarkozy, serait-on tenté de dire.
À vrai dire les Français ont envie d’un changement, voire d’un grand changement. Ils aimeraient bien donner le pouvoir à la gauche pour réaliser ce rêve d’une France plus juste. Mais à qui plus précisément confier la destinée du pays ? Car l’élection présidentielle est la rencontre « d’un homme (homme ou femme) avec son peuple ». C’est ce que les militants socialistes ont peut-être oublié pendant les primaires socialistes. Loin de moi l’idée d’un machiste, il s’agit tout simplement d’être réaliste.
C’est donc faute de mieux que les Français ont élu Nicolas Sarkozy comme président de la République. Les immigrés doivent en principe s’en réjouir, car pour une fois justice est rendue à travers cette accession à la magistrature suprême de l’un des leurs. N’est-ce pas là aussi une France plus juste et reconnaissante ?
Clotaire Ngoumbango, Léry, France

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Exception française
Après une élection exceptionnelle – fort taux de participation, trois « quinquas » comme principaux candidats, la plus longue campagne présidentielle de la Ve République, la présence d’une femme en « finale » -, on peut dire désormais qu’il y a un avant- et un après-Mai 2007. Une page s’est tournée le soir du 6 mai, et un autre cycle de la vie politique française s’annonce. Pas seulement en raison de la personnalité « atypique » des deux finalistes, mais aussi de par leur attitude inhabituelle lors du traditionnel discours aux Français qui suit, dès 20 heures, l’annonce des résultats du scrutin.
En effet, à voir la mine crispée – sans doute par l’émotion – de Nicolas Sarkozy et le visage radieux – la satisfaction, à l’évidence, d’avoir tenu le choc dans une campagne rude face à son rival – de Ségolène Royal, on pouvait se demander qui avait gagné l’élection ce soir-là. Pour la première fois, sur les plateaux de télévision, on ne décelait pas plus d’arrogance ni de triomphalisme chez les vainqueurs que d’aigreur ni d’amertume chez les vaincus. Une nouvelle expression de « l’exception française » en politique ?
Ali Darhlal, Talence, France

Parité : ce mal qui nous détruira !
Autant que les institutions étatiques qui nous ont été imposées par le monde extérieur, le nouveau mal qui frappe l’Afrique a une origine occidentale : la parité. Le mimétisme institutionnel est en réalité la seule et unique cause des dysfonctionnements des États africains. Les esprits africains ne se sont jamais imprégnés des réalités sociologiques, historiques et culturelles qui sous-tendent les institutions dites démocratiques.
La parité qui s’inscrit dans le même schéma funeste ne manquera pas, dans la décennie à venir, de donner à voir le spectacle d’une société cassée dans ce qu’elle a de plus fondamental et même de vital : la famille. C’est déjà le cas en Occident où l’invitation à la célébration d’un mariage est devenue, dans deux cas sur trois, l’avant-scène du drame du divorce et son chapelet de conséquences au point de vue émotionnel, social, économique, etc. La parité nous tuera certainement.
Papy Tshibalabala Mukuna, Kinshasa, RD Congo

L’Iran ne pliera pas
L’inféodation des pays arabes du Golfe, Arabie saoudite en tête (voir « Ce que je crois », n° 2409 du 11 mars 2007), ne date point du 11 septembre 2001, et Oussama Ben Laden n’y est pour rien. Comme l’a bien expliqué votre éminent confrère Mohamed Heykal, cette inféodation remonte au temps de Roosevelt et Churchill. La lettre du roi d’Arabie à ses maîtres américains et anglais leur demandant avis et conseils lors de la création de la fameuse « Ligue [dite] arabe » est édifiante. Il a écrit noir sur blanc : « Nous nous soumettons à Dieu là-haut et à vous ici-bas. »
Quant à l’Iran, c’est un pays qui sait ce qu’il veut. Dans le passé, même converti à l’islam, il n’a jamais accepté la domination arabe. C’est un pays fier de sa civilisation millénaire et il a raison. Khomeiny a réussi où le Dr Mossadegh a échoué, et la Révolution islamique en Iran ne courbera jamais l’échine. La Russie n’acceptera jamais non plus que les États-Unis s’installent à leurs frontières, et Poutine l’a dit clairement.
S’il veut sauvegarder ses intérêts, l’Occident – États-Unis en tête – doit traiter avec l’islam politique, en Iran comme ailleurs. Il doit apprendre à respecter le monde islamique et traiter avec lui sur un pied d’égalité. C’est son unique voie de salut.
Dr Abdessalem M’halla, Raoued, Tunisie

Ainsi a dit Zao
Certains dirigeants devraient vraiment y réfléchir à deux fois avant d’envoyer leurs troupes se battre, car la force doit être l’ultime solution. La vie humaine ne vaut guère mieux que celle d’un oiseau aujourd’hui, tellement il y a de massacres à travers le monde. Le chanteur Zao a pourtant dit : « La guerre, ce n’est pas bon… »
Cheikh Fall, Sénégal, ?pays de la Téranga

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L’iboga n’est pas une drogue
Dans l’un de vos derniers numéros (voir J.A. n° 2412-2413), vous rapportez que le gouvernement français vient de qualifier l’iboga, plante sacrée d’Afrique centrale, de drogue, sans aucune analyse scientifique approfondie. Et ce certainement suite à la mort d’un déséquilibré mental à qui l’on a donné cette plante sans retenue aucune et en dehors des conditions normales d’absorption de ladite plante.
Au Gabon, d’où elle est originaire et où elle sert à beaucoup de pratiques – soins thérapeutiques et initiations mystiques et spirituelles -, elle n’est jamais qualifiée de « drogue ». C’est ce qu’a démontré dans un livre sorti il y a deux ans (à La Maison gabonaise du livre) maître Atome Ribénga, grand Nyma-Nakombo de la tradition bwitiste. Il écrit notamment que « la caractéristique principale qui détermine l’existence d’une drogue est l’accoutumance. Autrement dit, le désir effréné d’en prendre souvent. [] Le drogué éprouve alors un désir incontrôlable de prendre de la drogue. La victime [] perd peu à peu la raison. [] Par contre, consommer de l’iboga lors des initiations ou pour simplement avoir des perceptions extrasensorielles de l’esprit n’a jamais rendu quelqu’un malade, fou ou privé de raison, sinon la moitié de la société gabonaise, qui consomme cette plante depuis des dizaines d’années, serait malade, folle ou aliénée ».
Que le gouvernement français s’informe davantage sur les qualités thérapeutiques de l’iboga mises scientifiquement en pratique par le célèbre docteur Albert Schweitzer, fondateur de l’hôpital de Lambaréné au Gabon, dont les travaux sont à l’origine d’une substance en forme de comprimé dérivant de l’iboga. Tout porte à croire que l’iboga mise dans les mains de pseudo-thérapeutes vivant en France serait appelée « drogue », car ces derniers ne sont pas habilités à « donner de l’iboga » à qui que ce soit. Il faut donc être un vrai prêtre du bwiti (Nyma ou Nyma-Kakomba notamment) pour pouvoir utiliser la plante sacrée iboga dans un but thérapeutique ou initiatique.
Eloi Kuma-Pindi, Boulogne-Billancourt, France

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