Covid-19 : le Maroc, premier pays au monde à lancer une campagne de vaccination nationale
Selon les instructions de Mohammed VI transmises le 9 novembre, la campagne de vaccination doit atteindre d’ici fin mars l’ensemble de la population âgée de plus de 18 ans.
Alors que le spectre d’un nouveau confinement plane sur le royaume depuis quelques semaines, vu le nombre affolant des contaminations, voilà que Mohammed VI prend tout le monde de court en annonçant le lancement imminent d’une campagne de vaccination. « Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Orientations en vue du lancement, dans les prochaines semaines, d’une opération massive de vaccination contre le Covid-19 », souligne un communiqué du cabinet royal.
En présence de la task-force constituée de conseillers royaux et de membres du gouvernement, Mohammed VI a présidé, dans la soirée du lundi 9 novembre, une séance de travail consacrée à cette stratégie de vaccination contre le Covid-19.
Task-force royale
La réunion a notamment rassemblé le conseiller personnel du roi Fouad Ali El Himma, le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb, l’inspecteur général des Forces armées royales le général Abdelfattah Louarak, le commandant de la gendarmerie royale Mohamed Haramou, le directeur de la DGSN Abdellatif Hammouchi, sur la base de l’avis rendu par le comité national scientifique.
Selon les résultats des études cliniques, la sécurité, l’efficacité et l’immunogénicité du vaccin ont été prouvées
« Selon les résultats des études cliniques déjà achevées ou toujours en cours, la sécurité, l’efficacité et l’immunogénicité du vaccin ont été prouvées », rassure le communiqué émis par le cabinet royal. Pas moins de 600 « beta-testers » marocains ont pris part à des tests cliniques qui ont démarré en août dernier au CHU Ibn Rochd de Casablanca et au CHU Avicenne de Rabat.
Les résultats de ces études doivent être communiqués le 15 novembre. Le vaccin a par ailleurs été testé sur près d’un million de personnes à travers le monde, notamment au Brésil, en Argentine et en Égypte.
« Le démarrage de cette campagne de vaccination pourrait intervenir dès la semaine prochaine », nous confie une source proche du département de la Santé. Elle devrait s’effectuer en deux phases, comme l’a d’ailleurs précisé le cabinet royal.
« La priorité sera donnée aux personnels de première ligne, en l’occurrence, le personnel de Santé, les autorités publiques, les forces de sécurité et le personnel de l’éducation nationale », indique le communiqué.
Priorité aux plus vulnérables
Cette première étape devrait se dérouler sur un mois avant d’élargir la vaccination à toute la population, en accordant néanmoins la priorité aux personnes âgées et à celles qui sont les plus vulnérables au virus. « Si l’on démarre dès ce mois de novembre, on pourrait vacciner et immuniser l’ensemble de la population âgée de plus de 18 ans d’ici mars », nous indique notre source. La vaccination se fera en deux injections, à 21 jours d’intervalle.
Pour l’heure, aucune annonce n’a été faite quant aux quantités de vaccin devant être livrées au Maroc. Mais certaines sources évoquent une première commande de 5 millions de doses qui devrait parvenir au royaume dans les prochains jours.
L’annonce royale rassure quant à la capacité du Maroc à se positionner dans cette course mondiale à l’acquisition de vaccins
Quoi qu’il en soit, l’annonce royale rassure quant à la capacité du pays à se positionner dans cette course mondiale à l’acquisition de vaccins : 51 % des commandes sont destinées à 13% seulement de la population mondiale.
Le Maroc certifie avoir obtenu de Sinopharm le droit de produire lui-même le vaccin puis de l’exporter vers d’autres pays du continent. Le royaume est aussi en négociation avec Astra Zeneca, Pfizer, Johnson & Johnson et CanSino Biologics pour se procurer des vaccins.
L’annonce marocaine est concomitante avec celle de Pfizer et BioNTech, qui ont communiqué ce lundi sur leur vaccin « efficace à 90 % » et pour lequel ils vont demander une autorisation d’utilisation d’urgence aux États-Unis. De toute évidence, la course entre laboratoires pour le vaccin est ardue.
Parallèlement, toujours hier, le Brésil a suspendu les tests sur un autre vaccin chinois, le CoronaVac de Sinovac, après un « incident grave ». Le laboratoire nie néanmoins tout lien entre l’incident et son vaccin.
Par ailleurs, l’OMS et GAVI ont lancé cet été l’initiative COVAX, à laquelle l’Afrique est associée. L’objectif ? Distribuer les vaccins – quand ils seront validés – à tous les pays de manière équitable (au prorata de la population).
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