Sauvé par le brut

Malgré la chute annoncée de l’extraction pétrolière, les revenus tirés des exportations d’or noir ont dépassé les 1 000 milliards de F CFA l’an dernier.

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 3 minutes.

Inexorablement, le déclin du pétrole gabonais s’approche. Après avoir enregistré un pic historique à 18,5 millions de tonnes (370 000 barils par jour, b/j) en 1997, la production d’or noir a lentement diminué, avant de se stabiliser aux alentours de 13,5 millions de tonnes par an entre 2003 et 2005. Certes, ces chiffres sont venus contredire les prévisions des experts les plus pessimistes, qui, au tournant du siècle dernier, tablaient sur moins de 8,5 millions de tonnes, mais la baisse est continue. Selon les dernières estimations, on est passé sous la barre des 13 millions de tonnes, en 2006. Même si un léger rebond est attendu en 2007, le Gabon a définitivement perdu sa place de troisième producteur africain au profit de la Guinée équatoriale. Actuellement, une trentaine de blocs sont en production, dont la moitié en mer, pour des réserves estimées à plus de 3 milliards de barils.
Le champ de Rabi Kounga, qui, à son apogée, assurait jusqu’à 60 % de la production quotidienne du pays, soit 220 000 b/j, ne produit plus guère que 50 000 b/j, et son débit décroît maintenant au rythme d’environ 2 % par an. Aucune nouvelle découverte majeure n’ayant été enregistrée, le relatif maintien de la production gabonaise doit beaucoup à la mise en uvre de nouvelles techniques de récupération sur des champs arrivés à maturité et au développement par de petites compagnies de forages marginaux délaissés par les majors. L’arrivée de ces sociétés a permis d’optimiser les rendements et de donner une « seconde jeunesse » aux champs vieillissants.
Pour autant, en dépit du tassement de la production, les compagnies pétrolières et l’État continuent à profiter de la manne. Grâce à l’envolée des cours de l’or noir, les caisses sont pleines. Total Gabon a annoncé en mars dernier que son résultat net s’était élevé à 326,4 millions de dollars en 2006, contre 316,8 millions l’année précédente. Le chiffre d’affaires a atteint 1,279 milliard de dollars, soit une progression de 12,1 % par rapport à 2005. En revanche, les volumes extraits diminuent : la production de pétrole brut des champs opérés par Total Gabon a totalisé 30,9 millions de barils en 2006, contre 35,7 millions en 2005. La part de production liée aux participations de Total Gabon s’est élevée en 2006 à 24,4 millions de barils, contre 28,1 millions de barils en 2005, soit environ 28 % de la production nationale gabonaise. Le prix moyen du baril a atteint 59,08 dollars en 2006, contre 48,04 dollars en 2005. Enfin, les investissements pétroliers ont été de 130 millions de dollars en 2006, contre 139,4 millions en 2005 et 157,8 millions en 2004. Mais cette tendance à la baisse devrait s’inverser cette année. Pour limiter le déclin de sa production, Total Gabon a engagé un programme visant notamment à améliorer le taux de récupération du brut sur les champs anciens. Ce programme s’étalera sur plusieurs années et devrait se traduire par un doublement des investissements en 2007 par rapport à l’année écoulée.
À la deuxième place, avec une production avoisinant les 70 000 b/j, Shell Gabon est parvenu à stabiliser sa production sur Rabi Kounga. La filiale gabonaise de Shell poursuit par ailleurs ses efforts pour évaluer le portefeuille d’exploration de nouveaux prospects pétroliers. L’évaluation du champ offshore Toucan-1, découvert en 2002, a conduit à l’estimation d’un volume de brut plus important que celui attendu. De la même manière, les autres compagnies opérant au Gabon, comme Perenco, Marathon Oil, Sinopec ou Maurel et Prom, profitent de la flambée des cours pour financer des projets d’exploration ou valoriser de petits gisements initialement considérés comme non rentables. « Le maintien de la production grâce à l’optimisation des techniques de forage ne doit pas faire oublier que la perspective de déclin est une certitude », rappelle malgré tout Jean-Pierre Favennec, économiste à l’Institut français du pétrole (IFP).
Il en va de même pour l’État. Après une baisse de 19 % en 2002 et 6 % en 2003, les recettes pétrolières ont augmenté de 44 % en 2005, et de 10 % l’année dernière. Les dividendes de l’or noir perçus par la puissance publique représentent ainsi près de 20 % du PIB. Grâce à un prix de vente fixé à 60 dollars le baril dans la loi de finances 2006, contre 45 dollars un an plus tôt, les recettes pétrolières devaient passer de 729 milliards de F CFA à 1 057 milliards. Mais en 2007, le marché devrait entrer dans une période d’accalmie. Le Gabon a vécu une période de prospérité passagère.

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