Requiem pour un traité

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 1 minute.

Le mois de mai n’est pas vraiment le moment propice pour aborder sereinement les relations franco-algériennes, tant les manifestations commémoratives des massacres du 8 mai 1945 à Sétif (entre 15 000 et 80 000 victimes, selon les sources) sont nombreuses en cette période. La chaleur et la célérité du message de félicitations adressé par le président Abdelaziz Bouteflika à son nouvel alter ego français ne doivent pas occulter l’essentiel : l’élection de Nicolas Sarkozy est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui souhaitent la conclusion rapide d’un traité d’amitié entre les deux pays.
Le chef de l’UMP n’a jamais fait mystère de son aversion pour toute idée de repentance. Or la reconnaissance des crimes commis pendant la colonisation constitue, aux yeux des fellaghas d’hier, la base d’une amitié solide et d’une coopération mutuellement profitable. Mais Sarkozy n’en a cure. Comme il l’a déclaré à Jeune Afrique, « une amitié n’a pas besoin d’être gravée dans du marbre ».
Pourtant, peu avant le 6 mai, Abdelaziz Belkhadem, Premier ministre et secrétaire général du FLN, avait réaffirmé l’attachement de l’Algérie à la conclusion d’un traité d’amitié. Il en avait même précisé les contours et les conditions. « Enfant, déclarait-il au quotidien Le Monde, j’ai appris l’arabe comme une langue étrangère. La colonisation a été abominable. On ne peut se contenter de gestes symboliques pour la condamner. Il faut que ce soit écrit noir sur blanc, parce qu’un écrit, cela reste. » Selon toute vraisemblance, l’écrit en question ne verra pas le jour dans les cinq ans à venir.
Mais le différend n’aura sans doute pas d’incidence sur les relations commerciales. Et la balance des échanges demeurera longtemps encore favorable à la France, premier fournisseur de l’Algérie depuis des lustres. L’idée lancée par Sarkozy d’une Union méditerranéenne amuse beaucoup l’Algérien moyen. « Un espace Schengen entre les deux rives de la Méditerranée dans soixante ans ? Chic ! Mon petit-fils n’aura plus besoin de visa pour rendre visite à son cousin de Marseille. »

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