Lilian Thuram

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 1 minute.

JEUNE AFRIQUE : Vous avez jugé « plutôt bon » le discours de Nicolas Sarkozy, place de la Concorde. Certains en ont déduit que vous aviez adouci votre position à son égard
LILIAN THURAM : Ce genre de raccourci m’irrite. Non, je n’ai pas changé d’avis. Sarkozy a été élu démocratiquement. J’ai cru comprendre qu’il s’était engagé à prendre réellement en charge l’ensemble de la population – et je lui en ai donné acte. Mais aujourd’hui même [le 10 mai], j’ai dit sans ambages à Basile Boli et à Rama Yade que je trouve son discours dangereux.
JEUNE AFRIQUE : Pourquoi ?
LILIAN THURAM : Pendant la campagne, Sarkozy a fait le jeu des électeurs de Le Pen, banalisé le racisme et fait passer des messages dégradants pour la société française. Je redoute surtout qu’il ne mette en place des mesures pour continuer de séduire l’extrême droite. Mais je voudrais dire aux jeunes qui ont manifesté leur mécontentement qu’il y a d’autres moyens que la violence pour se faire entendre. Ce genre de comportement ne fait que renforcer les préjugés.
JEUNE AFRIQUE : Sarkozy est hostile à l’idée de repentance
LILIAN THURAM : C’est un sujet que j’aborderai directement avec lui. Le 10 mai, dans les jardins du Luxembourg, lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, il m’a invité à le rencontrer. Je dois avant tout comprendre ce qu’il entend par « repentance ». Je lui expliquerai l’importance du devoir de mémoire, absolument capital pour appréhender les blocages de notre société et passer à autre chose. Sans tomber pour autant dans la culpabilité. Il s’agit de retrouver une mémoire partagée, et là, le rôle des politiques est essentiel.

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