Le pasteur Ntoumi dans le rang

L’arrivée du rebelle dans une institution nationale sera-t-elle cette fois la bonne ?

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

La nouvelle est tombée le 27 avril. Elle pourrait être officialisée dans les prochains jours. Frédéric Bitsangou, dit Ntoumi, ce pasteur qui donne du fil à retordre au gouvernement de Brazzaville depuis la fin des années 1990, devrait bientôt quitter son maquis du Pool (sud du Congo) pour la capitale en vue d’occuper la fonction de « délégué à l’action humanitaire d’urgence et aux catastrophes naturelles » auprès de la présidence de la République. Il n’y a pas longtemps, le rebelle réclamait à cor et à cri le statut de « ministre résidant au Pool chargé des questions de paix et de la reconstruction ».
L’accélération des négociations n’est pas sans lien avec la tenue des élections législatives prévues le 24 juin. L’intérêt des autorités est de voir Ntoumi quitter au plus vite « une région que le gouvernement a désertée », affirme un journaliste congolais. La présence dans le Pool du leader du Conseil national de la résistance (CNR) et de ses miliciens avait quelque peu entaché le scrutin de 2002 : seuls les électeurs de 6 circonscriptions – sur les 14 que compte la région – avaient pu désigner leurs députés. Une expérience que le gouvernement ne veut pas voir se renouveler. Le 17 mars 2003, les deux parties ont signé un accord et mis en place un Comité de suivi des engagements pour la paix dans le Pool piloté par l’actuel Premier ministre Isidore Mvouba. Mais, depuis, c’est le statu quo, le pouvoir jugeant inacceptables la plupart des revendications du pasteur. Seule avancée significative : la démobilisation des hommes de Ntoumi qui n’ont toujours pas été désarmés. Prévue début mai, la cérémonie solennelle de destruction par le feu des armes détenues par les rebelles a finalement été annulée, faute de financements.
Si les tractations en cours aboutissent, Frédéric Bitsangou obtiendrait alors l’essentiel : un statut politique lui permettant d’entrer dans le sérail. Pour le pouvoir, cette normalisation permettrait de contrôler le chef rebelle afin d’affaiblir son poids politique et ses capacités militaires. Il y a quelques mois, le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) avait déjà tenté d’attirer Ntoumi dans son giron. Les négociations ayant échoué, le PCT s’était alors jeté dans les bras de l’ancien Premier ministre Bernard Kolélas, numéro un du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI, opposition), dont le Pool reste le fief.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires