Lâcher du lest

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

La fin du pétrole au Gabon À force de l’annoncer, cette échéance semble chaque année se préciser davantage. À moins d’une découverte de nouveaux gisements prometteurs, la baisse des réserves prouvées, même si elle reste lente, n’en demeure pas moins inéluctable. Anticiper et prévenir la chute des recettes tirées de l’or noir, telle est la figure imposée à tout gouvernement soucieux de préparer l’avenir, et que celui du Premier ministre très social, Jean Eyeghé Ndong, s’est empressé d’adopter dès sa prise de fonction en janvier 2006.
C’est aussi le message que le Fonds monétaire international (FMI) a voulu adresser, le 7 mai, avec l’approbation d’un programme triennal d’un montant de 117,3 millions de dollars couvrant la période 2007-2010 au terme de négociations ayant salué les progrès réalisés depuis trois ans. Ce programme se concentre sur trois objectifs économiques : la réduction du déficit budgétaire, la maîtrise des finances publiques et l’engagement de réformes plus volontaristes afin d’encourager l’essor de secteurs appelés à se substituer aux hydrocarbures. Et ceux-ci ne manquent pas. Le Gabon s’y tiendra-t-il ? Si ces recommandations sont classiques – pour ne pas dire convenues – lorsqu’elles sont appliquées à n’importe quel pays à revenu intermédiaire, elles prennent tout leur sens au Gabon, où la croissance de ces dernières années n’a pas été à la hauteur de ses multiples potentialités, notamment de son agriculture.

Malgré une croissance supérieure à 5 % attendue en 2007, le Gabon reste trop modeste dans ses ambitions. Il lui arrive néanmoins de surprendre. L’exemple en est donné avec la gratuité des soins dans les hôpitaux publics ou la forte augmentation du salaire minimum, décidée en octobre 2006 par le chef de l’État, Omar Bongo Ondimba. Cette décision n’était pas un luxe. Gelé à 44 000 F CFA (67 euros), le Smig n’avait pas été revalorisé depuis vingt-deux ans. De quoi répondre favorablement aux revendications et aux besoins des populations les plus pauvres. Mais cette seule mesure a suffi à raidir, pour ne pas dire agacer le FMI, une institution dont l’hostilité quasi sacerdotale vis-à-vis des hausses salariales dans les pays appliquant ses programmes n’est plus à prouver.
Alors que le Gabon s’est engagé à gérer ses nouvelles ressources financières avec rigueur et à lutter contre la corruption pour mieux stimuler les nouveaux leviers de l’économie, de telles hausses présentent le défaut de plomber les dépenses publiques. Elles ont aussi un mérite inestimable, a fortiori en Afrique, celui de « dépenser efficacement » pour mieux décrisper le climat social alourdi ces dernières années par une érosion ininterrompue du pouvoir d’achat. C’est le sens du message qu’ont voulu lancer, à leur tour, les autorités gabonaises vers les institutions financières internationales. Au risque d’assombrir la confiance si difficile à établir avec les bailleurs de fonds en général, et avec le FMI en particulier.

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