Kadhafi incontournable

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Dans l’entourage du président égyptien, beaucoup ont poussé un soupir de soulagement à l’issue du sommet qui, le 7 mai à Tripoli, a réuni, outre Hosni Moubarak, le Tchadien Idriss Déby Itno et le Libyen Mouammar Kadhafi. Le vieux raïs, qui, la veille, avait reçu au Caire le président soudanais Omar Hassan el-Béchir, aura donc réussi à désamorcer rapidement une crise « aussi grave que dangereuse » pour les relations libyo-tchado-soudanaises.
« Kadhafi a piqué une colère homérique et ne voulait plus entendre parler de Déby, et encore moins de Béchir », confie un diplomate égyptien. La cause de ce courroux ? La signature en grande pompe, le 3 mai à Jenadiriyeh, en Arabie saoudite, sous les auspices du roi Abdallah Ibn Abdelaziz, d’un nouvel accord de réconciliation entre le Tchadien et le Soudanais. Ce document reprend presque mot pour mot un autre texte paraphé par les deux hommes en avril, à Tripoli : collaboration avec l’UA et l’ONU au Darfour, non-ingérence dans les affaires intérieures du voisin, refus d’accueillir des opposants
Le « Guide », qui, ces derniers temps, s’est beaucoup investi dans le rapprochement entre Khartoum et N’Djamena (alors que les dirigeants des deux pays s’accusaient mutuellement de soutenir leurs opposants respectifs), n’a donc pas apprécié, mais alors pas du tout, l’initiative des Saoudiens, avec lesquels il entretient des relations notoirement exécrables. « Il en voulait à mort à Déby et surtout à Béchir de ne pas l’avoir informé de l’objectif de leur voyage à Riyad », confirme un journaliste libyen. Du coup, il a annoncé son intention de se dessaisir du dossier et menacé de jouer les empêcheurs de négocier en rond en usant de son influence – réelle – sur les rebelles des deux pays.
Les Égyptiens ont vite pris la mesure du danger. « Si Kadhafi prend parti pour les rebelles au Darfour, la situation va devenir désespérée pour nos frères de Khartoum », confiait un responsable, au Caire. Sans perdre de temps, Moubarak a donc « convoqué » Béchir pour lui demander de rectifier le tir. Le Soudanais y a consenti, mais en suppliant son hôte de lui épargner toute confrontation directe avec Kadhafi. Le raïs s’est envolé seul pour Tripoli. Informé de son arrivée et de l’objectif de sa visite, Déby lui a proposé de le rejoindre. Moubarak a su trouver les mots pour apaiser le « Guide ». « Soudanais et Tchadiens, dit-on au Caire, ont reconnu que le frère Kadhafi est incontournable pour calmer les choses dans la région. »

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