Burkina – Eddie Komboïgo : « J’ai toujours eu le soutien de Blaise Compaoré »

Candidat à la présidentielle du 22 novembre, adoubé par Blaise Compaoré, Eddie Komboïgo entend remettre le CDP au centre de la vie politique burkinabè.

Homme d’affaires prospère, Eddie Komboïgo, 54 ans, a été investi par le CDP le 26 juillet dernier. © Sophie Garcia pour JA

Homme d’affaires prospère, Eddie Komboïgo, 54 ans, a été investi par le CDP le 26 juillet dernier. © Sophie Garcia pour JA

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Publié le 13 novembre 2020 Lecture : 4 minutes.

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle et des législatives de 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA
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Présidentielle et législatives au Burkina Faso : les enjeux du double scrutin

L’élection présidentielle burkinabè, couplée aux législatives, se tient dans un contexte sécuritair plus que tendu dans une large partie du pays. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat lors du scrutin du 22 novembre, n’en défends pas moins son bilan, face à une opposition bien décidée à en découdre. Parmi ceux qui veulent lui ravir son siège au palais de Kozyam, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, Kadré Desiré Ouédraogo ou encore Eddie Komboïgo, qui se présente sous les couleurs du parti de Blaise Compaoré, l’ancien président déchu, qui vit en exil en Côte d’Ivoire.

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Tenu à l’écart des scrutins de 2015, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) rêve de faire son grand retour sur le devant de la scène politique burkinabè lors des présidentielle et législatives du 22 novembre.

C’est donc un CDP requinqué qui part à la conquête des électeurs. Pour la première fois depuis la chute de Blaise Compaoré en 2014, le parti présentera un candidat à la magistrature suprême : Eddie Komboïgo.

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Homme d’affaires prospère, Komboïgo, 54 ans, a été investi par son parti le 26 juillet dernier. Militant du CDP depuis le mitan des années 1990, il espère marquer des points face au président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, en surfant sur le mécontentement né de la forte dégradation de la situation sécuritaire.

Jeune Afrique : Le CDP peut-il vraiment percer aux élections du 22 novembre ?

Eddie Komboïgo : En 2015, notre parti avait été donné pour mort. Nous avons tenu des assemblées dans chacune des 45 provinces du territoire, nous l’avons reconstruit et nous sommes aujourd’hui sereins et confiants. Nous avons sillonné le pays, sauf lorsque certaines zones étaient déconseillées pour des raisons sécuritaires. C’est un travail essentiel pour connaître les réalités d’un pays et être en mesure d’apporter des réponses pertinentes. Il ne suffit pas d’organiser des meetings ici ou là pour rassembler du monde.

Qu’attendez-vous de ces élections couplées ?

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Nous sommes convaincus que le CDP va de nouveau être porté à la tête du pays. Il n’y a qu’à voir l’adhésion et l’engouement que nous avons suscités. Le CDP demeure un grand parti, bien organisé et solidement implanté dans tout le Burkina. Nos comités de base et nos sous-sections sont en ordre de bataille, et nos forces sont intactes : les caciques, anciens présidents d’institutions ou ex-Premiers ministres, sont restés avec nous. Nous avons su rester unis.

Nous pouvons bénéficier d’un vote sanction

J’ajoute que, durant ce quinquennat, la gouvernance a été un échec total. Nous pouvons donc bénéficier d’un vote sanction. Et puis il y a notre programme, bâti autour du nouveau pacte social, qui achèvera de convaincre nos concitoyens de nous faire confiance. Je suis un candidat serein et satisfait, et je veux ramener le CDP au pouvoir.

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Mais le CDP n’incarne-t-il pas une époque aujourd’hui révolue ?

Bien au contraire ! Notre parti suit désormais une trajectoire nouvelle et il a rajeuni – c’est fondamental dans un pays où les jeunes représentent près de 65 % de la population.

Quelles seront vos priorités si vous êtes élu ? 

La paix, la réconciliation et la cohésion sociale. Sans oublier la relance économique qui, pour être forte, sera portée par les grands travaux de désenclavement et par l’autoroute Ouagadougou-Abidjan. Nous allons également relancer le débat sur l’investissement ferroviaire.

Vous critiquez la gestion du président Kaboré, notamment sur la question sécuritaire et en matière de gouvernance. Mais que proposez-vous aux Burkinabè ?

Roch Marc Christian Kaboré a manqué de vision. Le terrorisme n’est pas apparu du jour au lendemain. Avant lui, ceux qui dirigeaient ce pays avaient pour credo : mieux vaut prévenir que guérir. Malheureusement, les soubresauts politiques d’octobre 2014 et la période de transition qui a suivi ont fissuré le dispositif de renseignement militaire. Le régime issu des élections de 2015 se devait de remettre ces structures en place. Cela n’a pas été le cas, et les groupes terroristes ont profité de ces failles pour s’incruster.

Plutôt que de chercher les solutions appropriées pour faire reculer l’insécurité, le président Kaboré a montré du doigt Blaise Compaoré pour se rendre compte, trois, voire quatre ans plus tard, qu’il faisait fausse route. Nous proposons donc de changer d’approche.

Pour combattre le terrorisme, il faut former des unités spéciales, mieux équiper les forces de défense et de sécurité, et ce afin de bâtir une armée véritablement dissuasive. Sans oublier d’investir massivement dans les régions touchées. Mais il faut aussi tenter de parvenir à un compromis.

Vous préconisez le dialogue avec les groupes terroristes ?

Nulle part le terrorisme n’a été vaincu par la seule option militaire. Il faut travailler à connaître ceux qui attaquent et endeuillent le Burkina, et il faut comprendre ce qui les pousse à agir ainsi, pour mieux les combattre – c’est ce que devrait faire le président.

Par ailleurs, en 2016, le président Kaboré lui-même a dit avoir reçu à Kosyam des terroristes, venus demander du matériel. Comment un chef d’État peut-il recevoir des terroristes et ne pas les mettre en prison ?

Il est temps de passer la main aux jeunes

Le président Compaoré vous a finalement adoubé comme candidat à la présidentielle. Était-ce indispensable pour espérer vous imposer dans les urnes ?

Il est vrai que nous avons connu quelques résistances, notamment de la part d’anciens cadres du parti. Mais j’ai toujours eu le soutien du président Blaise Compaoré. Il comprend, lui, que nous sommes dans une phase de transition intergénérationnelle. Tous ceux qui, comme lui, m’ont apporté leur soutien, à l’instar de Tertius Zongo et de Paramanga Ernest Yonli [anciens Premiers ministres], de Mélégué Maurice Traoré [ancien président de l’Assemblée nationale] ou de Jean de Dieu Somda [ancien ministre], sont convaincus qu’il est temps de passer la main aux jeunes.

Des pourparlers pour le retour de l’ancien président Compaoré sont-ils en cours ?

Non. J’entends dire que ceux qui se sont exilés peuvent rentrer mais qu’ils vont devoir affronter la justice. En 2018, j’avais approché le président Kaboré à la demande de Blaise Compaoré pour lui dire qu’il serait une erreur de garder les Burkinabè divisés pour des motifs politiques. Aujourd’hui, le président Compaoré souhaite toujours rentrer et être utile à son pays.

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