Nigeria : un futur musée pour le Royaume du Bénin, signé Sir David Adjaye

Des années de fouilles et un architecte-star, Sir David Adjaye, pour donner un écrin à l’histoire du Royaume du Bénin et à ses fabuleuses créations. Le projet a été lancé ce 13 novembre à Benin City, dans l’État d’Edo.

Maquette du futur musée Emowaa, à Benin City, au Nigeria. © Adjaye Associates

Maquette du futur musée Emowaa, à Benin City, au Nigeria. © Adjaye Associates

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 14 novembre 2020 Lecture : 4 minutes.

Explorer le passé, exposer le présent et mettre en valeur le patrimoine : tel est l’objectif de l’initiative « Redécouvrir l’histoire du Bénin » lancée aujourd’hui à Benin City (Nigeria) par le Legacy Restoration Trust (LRT), le British Museum et le cabinet d’architecte Adjaye Associates. À savoir : un important projet de fouilles archéologiques sur le site même qui devrait accueillir, dans le futur, l’Edo Museum of West African Art (Emowaa).

Ce chantier, le plus vaste entrepris dans la ville de Benin City, ancienne Edo, aura pour objectif d’exhumer des restes archéologiques liés au Royaume du Bénin, qui se développa autour de cette capitale entre le XIIème siècle et l’invasion britannique, en 1897. Ces fouilles bénéficieront d’un budget de 4 millions de dollars rassemblés par le LRT et le British Museum.

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https://twitter.com/EMOWAA_/status/1327235542409498624

Des fouilles dès 2021

À cette occasion, le gouverneur de l’État d’Edo, Godwin Obaseki a déclaré : « Benin City est une cité ancienne disposant d’une incroyable variété de ruines et d’objets qui pourraient et devraient former le socle d’un centre de recherche et de formation en archéologie, en art, en muséologie et en conservation. La construction d’un musée de classe internationale dans la partie historique de Benin City exige des fouilles archéologiques permettant de récolter, de préserver et d’enregistrer les artefacts se trouvant sur le site de construction du nouveau musée, au sein duquel ils seront exposés. »

Les fouilles à proprement parler devraient commencer en 2021, impliquant de nombreux partenaires, à l’instar de la Cour royale du Bénin, le gouvernement de l’État d’Edo, la Commission nationale des musées et monuments. Il ne s’agit, comme on l’aura compris, que de la première étape d’un projet beaucoup plus vaste et ambitieux. À terme, l’Emowaa devrait abriter la « collection royale », l’ensemble le plus complet au monde de bronzes du Bénin, ainsi que de nombreuses galeries dédiées notamment à l’art contemporain.

Restitution d’œuvres d’art

Dans un contexte d’âpres débats autour de la restitution des œuvres d’art pillées durant la période coloniale, l’Emowaa entend permettre le retour des objets disséminés dans différentes institutions à travers le monde tout en favorisant le dialogue et la recherche autour de l’histoire du Royaume du Bénin, jusqu’à la destruction de Benin City par les forces britanniques. Le British Museum détient encore à ce jour quelque 900 objets issus de ces pillages, dont une centaine présentés de manière permanente au public anglais.

Le British Museum détient encore à ce jour quelque 900 objets issus de ces pillages (ici, une plaque datant du XVI ou XVIIe siècle) © Trustees of the British Museum

Le British Museum détient encore à ce jour quelque 900 objets issus de ces pillages (ici, une plaque datant du XVI ou XVIIe siècle) © Trustees of the British Museum

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Le Benin Dialogue Group, qui rassemble des représentants de la cour royale du Bénin, des musées européens et des représentants de l’État d’Edo, travaille depuis plus de deux ans sur la création du nouveau musée. Pour le directeur du British Museum, Hartwig Fischer, « ce projet archéologique fournira les bases de l’Emowaa, qui deviendra sans aucun doute l’une des initiatives muséales les plus importantes des dix prochaines années ».

Un architecte-star

Ce qui est effectivement certain, c’est que ce projet devrait attirer l’attention des médias internationaux, le cabinet d’architecte choisi pour mettre en œuvre la construction du musée n’étant autre que celui de l’architecte star Sir David Adjaye. Ce dernier, capable de la plus grande sobriété comme d’un certain tape-à-l’œil, a en l’occurrence opté pour un classicisme plutôt austère, assurant le lien avec le passé du royaume.

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Situé non loin du palais de l’Oba, l’Emowaa sera une vaste bâtisse rectangulaire aux tons ocres entourée d’un large jardin planté d’essences locales. Les salles d’expositions, insérées dans des volumes plus ou moins hauts, domineront cette cour arborée. Les constructions intérieures devraient s’inspirer de l’architecture historique du royaume, reconstituée à partir de fragments archéologiques ou de documents d’époque, dans l’idée d’exposer certains objets dans un semblant de contexte précolonial.

Maquette du futur musée Emowaa, à Benin City, au Nigeria © Adjaye Associates

Maquette du futur musée Emowaa, à Benin City, au Nigeria © Adjaye Associates

« C’est avec une grande humilité et beaucoup d’inspiration que j’entends créer l’Emowaa, un musée qui devrait servir de nouveau paradigme muséal en Afrique, a déclaré Sir David Adjaye lors de la présentation de son projet. Au premier regard, le concept originel pourrait laisser penser à une approche traditionnelle du musée mais, en vérité, ce que nous proposons est une destruction de l’objectivation telle qu’elle a eu lieu en Occident et une complète reconstruction. À partir de nos recherches sur les ruines extraordinaires du Royaume, les murs orthogonaux de la cité et son réseau de cours, le plan du musée entend intégrer ce genre d’habitations tels des pavillons permettant la recontextualisation des objets ».

Ce musée se détachera de la forme traditionnelle du musée occidental »

« En se détachant de la forme traditionnelle du musée occidental, l’Emowaa sera un outil d’éducation – un endroit où rappeler la mémoire d’un passé perdu et où enseigner l’amplitude et l’importance de ces civilisations et cultures », a ajoute l’architecte.

Le projet de recherches archéologiques sur le futur emplacement du musée devrait durer cinq ans et impliquer une équipe britannico-nigériane. Les objets et les constructions découvertes sur place ne quitteront pas le pays et feront partie intégrante de l’Emowaa.

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