From America

Publié le 15 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Je ne vous parlerai pas de Sarkozy et de son voyage cinq étoiles à Malte. Sinon pour vous dire que de là où je suis, c’est-à-dire à Washington, les tribulations du nouveau président gaulois suscitent beaucoup de curiosité. Pour les concitoyens de G. W. Bush, « Nicoolasss » représente un déroutant mélange entre l’homo politicus americanus et l’homo politicus europeanus
Je vous parlerai rapidement du passage à la police des frontières américaine. Comme d’habitude, le fait d’être né quelque part dans le vaste monde arabo-musulman entraîne un examen consciencieux et sourcilleux de votre passeport et de votre existence par un ou plusieurs fonctionnaires à l’avant-garde du combat contre le Mal. Étrange situation tout de même. Les Américains se méfient des Arabes, mais les Arabes, malgré le 11 Septembre et ses conséquences, n’ont jamais été aussi nombreux à tenter d’émigrer aux États-Unis. Commentaire de l’un d’entre eux, originaire du Maghreb : « Malgré Bush, malgré l’Irak, malgré les contrôles, ici on peut se faire une vie, travailler, avoir de l’espoir. Ce qui est loin d’être le cas chez nous »

L’Amérique reste le plus grand pays du monde, le plus puissant, le plus riche, le plus fascinant aussi. Mais ce centre de l’Occident est fatigué, fragile, malade. À dix-huit mois des élections, on voit un président impuissant, affaibli par les scandales, isolé, embourbé dans le désastre irakien, étouffé par un Congrès démocrate qui multiplie les enquêtes. Retranché avec ses derniers grognards, Dick Cheney en tête, G. W. Bush perd chaque jour de son autorité. La fin du mandat sera très, très, très longue
Rien ne bougera sur l’Irak, cadeau empoisonné au prochain président – sans parler du dossier palestinien, autre échec majeur de la diplomatie américaine des huit dernières années. Parce qu’au fond personne ne sait comment sortir de ce quagmire. Quitter, reconnaître une défaite stratégique majeure au Moyen-Orient, région vitale pour l’Amérique ? Ne pas quitter, occuper durablement, accepter les morts et les victimes, augmenter fatalement les impôts pour financer la guerre, probablement réintroduire la conscription ?

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Jamais depuis le début des années 1990, avec la défaite de l’ennemi communiste, l’hyperpuissance n’a paru aussi déboussolée, comme incapable de fixer ses objectifs stratégiques et diplomatiques. Que veut l’Amérique ? Comment envisage-t-elle son rôle dans le monde ? Comment peut-elle restaurer son influence ? A-t-elle l’ambition de fonder ce « global empire » démocratique et libéral dont elle serait le cur ? En a-t-elle encore la possibilité et les moyens ? Le désastre irakien a balayé toutes les certitudes
Jamais depuis la guerre du Vietnam le pays n’a été aussi idéologiquement, socialement, spirituellement polarisé entre « libéraux » et « conservateur ». Libertés, justice, religion, spiritualité, éducation, sexualité tout oppose des Américains divisés en deux camps.
Sur ce terrain terriblement mouvant, une très longue campagne électorale a déjà commencé, à la recherche d’un leader miraculeux qui pourrait sortir l’Amérique de la dépression.

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