Claude Guéant, l’indispensable
C’est l’homme clé du dispositif Sarkozy. Directeur de campagne du candidat UMP depuis le mois de janvier, Claude Guéant (62 ans) a de fortes chances d’être le prochain secrétaire général de l’Élysée. Un poste discret mais stratégique qui avait notamment permis à un certain Dominique de Villepin de se révéler, entre 1995 et 2002.
Mais le parallèle s’arrête là : Guéant n’a ni ambition personnelle ni ennemis connus. Entièrement dévoué à son patron, qu’il a connu à l’époque (1986-1991) où il était secrétaire général de la préfecture des Hauts-de-Seine, cet énarque modeste et affable est une « machine intellectuelle qui connaît ses dossiers à fond ». Calme et fin psychologue, autoritaire mais sans outrance, c’est un vrai chef d’équipe ; mieux, une tour de contrôle : tout passe par lui. Jouissant de la totale confiance du « patron », il est l’un des seuls – sinon le seul – à savoir lui dire non sans le froisser et à pouvoir le faire changer d’avis.
Issu d’une famille modeste du nord de la France, Guéant est diplômé de Sciences-Po Paris. En 1969, il intègre l’ENA (promotion Thomas More), où il côtoie notamment Jean-Louis Bianco, qui deviendra secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand (1982-1991) et directeur de campagne de Ségolène Royal ! Sorti dans le haut du classement, il intègre le corps préfectoral et y accomplira toute sa carrière. En 1977, il fait ses premières armes en politique en tant que conseiller technique de Christian Bonnet, le ministre de l’Intérieur de Raymond Barre. Lors de son passage dans les Hauts-de-Seine, il est repéré par Charles Pasqua, qui, en 1993, en fait son directeur de cabinet adjoint au ministère de l’Intérieur. Un an plus tard, il est nommé directeur général de la police nationale, un poste sensible et exposé qu’il occupe jusqu’en 1998. Guéant, qui sait se faire apprécier de la base, y gagne une réputation de « grand flic ».
Après un passage par les préfectures de région de Franche-Comté et de Bretagne, Sarkozy, qui, en 2002, a hérité de l’Intérieur après la réélection de Jacques Chirac, en fait son directeur de cabinet, sur la chaude recommandation de Pasqua. Le maire de Neuilly, qui visait plutôt l’Économie et les Finances, avait besoin d’un vrai connaisseur de la maison. Et Guéant fait parfaitement l’affaire. Entre les deux hommes, le courant passe immédiatement. Le directeur de cabinet devient rapidement la « doublure » du patron, qui, accaparé par la politique, lui abandonne les manettes.
Fin 2003, Sarkozy, nommé ministre des Finances, l’emmène avec lui à Bercy. Sommé par Jacques Chirac de choisir entre le parti et le gouvernement, il doit s’incliner, mais, avant de partir, tente de recaser son plus fidèle collaborateur à la préfecture de police de Paris. Rancunier, le chef de l’État y oppose son veto. Guéant en éprouve une « vive déception personnelle ». Mais la traversée du désert ne dure pas. Moins d’un an plus tard, Sarkozy revient à Beauvau. Avec, comme d’habitude, l’indispensable Guéant dans ses bagages
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