Un secteur qui revient de loin

Sinistré par quatre décennies d’économie planifiée, le secteur bénéficie depuis 2000 d’un ambitieux plan de développement.

Publié le 14 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

De l’autogestion au lendemain de l’indépendance, à la révolution agraire (nationalisation des terres et redistribution de celles-ci aux paysans) au début des années 1970, puis à la gestion socialiste des exploitations durant les années 1980, l’agriculture algérienne a fini le siècle dernier au bord de l’asphyxie. Des systèmes de production inadaptés, un désinvestissement marqué par la quasi-absence de financements bancaires, des structures agraires incompatibles avec une agriculture performante (70 % des exploitations comptaient moins de 10 hectares), une politique d’irrigation couvrant à peine 350 000 hectares, soit 7 % de la surface agricole utile (SAU). Pis : l’ouvrier agricole est devenu un fonctionnaire et l’activité s’est fortement bureaucratisée. Jadis grenier de Rome, l’Algérie en était arrivée à figurer en tête des pays importateurs de céréales.
Érigé en priorité durant le premier mandat de Abdelaziz Bouteflika, le sauvetage de l’agriculture a pris la forme d’un Plan national de développement agricole et rural (PNDAR), mis en uvre en 2000. Sept ans plus tard, les réussites du secteur ont permis d’alléger la facture alimentaire. Mieux, hormis les céréales et le lait, la production nationale couvre la totalité des besoins du pays. La valorisation des terres agricoles a permis d’étendre la SAU de près de 600 000 hectares. Les superficies irriguées ont plus que doublé, atteignant 835 000 hectares, avec l’introduction de la technique du goutte-à-goutte, qui permet d’économiser les ressources hydriques.
Dans une économie très dépendante des hydrocarbures, l’agriculture ne concourt qu’à hauteur de 10 % du PIB. Cependant, avec un taux de croissance moyen de 6 %, pour une valeur de production annuelle estimée à 668 milliards de dinars algériens (DA) – soit plus de 6,6 milliards d’euros -, le secteur est devenu un véritable moteur de croissance pour le pays.

Les vertus du PNDAR
Depuis son entrée en vigueur, le PNDAR a suscité la création de près de 1,6 million de postes de travail (en équivalent emplois permanents), contribuant ainsi à ramener le taux de chômage à 11,8 % en 2007, contre 32 % en 2000. Ce plan parraine plus de 428 000 exploitations et a permis de créer 22 000 entreprises de services. Jamais l’activité bancaire n’a été aussi florissante dans le monde rural. Deux banques se sont spécialisées dans le financement de l’agriculture : la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR). Par ailleurs, une société de leasing (Salem) finance la mécanisation des exploitations agricoles. Mais les vertus du PNDAR tiennent aussi à la protection de l’environnement. L’introduction des nouvelles techniques d’irrigation a permis, entre 2000 et 2007, d’économiser 830 millions de m3 d’eau, selon les services de Saïd Barkat, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Près de 5 000 exploitations agricoles ont bénéficié de kits de production d’énergie solaire. En outre, la politique de reboisement a permis d’étendre la surface forestière de 160 000 hectares. Enfin, le soutien à l’agriculture saharienne a contribué à sédentariser les populations et à améliorer leurs conditions de vie.
Depuis son lancement, le PNDAR a mobilisé plus de 400 milliards de DA (plus de 3,9 milliards d’euros), dont 284 milliards sous forme de soutien à l’investissement. Toutefois, si l’approvisionnement des étals ne pose plus de problème, les prix à la consommation flambent. Destiné à l’amélioration des conditions de production, le PNDAR n’a pas pour vocation d’organiser les circuits de distribution, tenus principalement pour responsables de l’inflation qui frappe les produits agricoles.

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