Toujours rare, encore cher

L’accès au logement reste problématique pour des millions de ménages. La hausse du coût des matériaux de construction retarde les chantiers et menace de faire grimper les prix.

Publié le 14 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

Mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Le programme présidentiel de construction de 1 million de logements, dont la livraison était prévue d’ici à la fin de 2009, risque d’accuser un important retard en raison de la flambée des prix des matériaux de construction. Depuis le début de l’année, le sac de ciment de 50 kg est passé de 210 à 500 DA (de 2 à 5 euros), tandis que le quintal de rond à béton se négocie à 12 000 DA (117 euros), contre 5 000 (49 euros) auparavant. L’envolée des prix des matériaux de construction est telle qu’elle provoque aujourd’hui la colère des constructeurs algériens. Sur les 260 000 entreprises privées qui participent à ce vaste chantier, des centaines ont déjà mis la clé sous le paillasson et d’autres s’apprêtent à suivre le même chemin. « Quelque 70 % de nos chantiers sont à l’arrêt », se lamente Abdelmadjid Dennouni, président de l’Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA).
Conséquence immédiate de cette flambée des matériaux, le prix de revient de la construction va devoir être revu à la hausse, à raison de 300 000 DA (2 920 euros) de plus pour un logement de type F2 vendu entre 2,5 millions et 3,5 millions de DA – soit une hausse moyenne de 10 %, ce qui représente trente fois le smic algérien. « Déjà que le prix actuel est hors de portée des petites bourses. Avec ces augmentations, l’accès au logement risque d’être réservé aux plus riches », maugrée Arezki, patron d’une petite entreprise de BTP dans la région de Bejaïa, en Petite Kabylie. Face au mécontentement des chefs d’entreprise, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour éviter que le secteur ne soit frappé de paralysie. Outre la subvention du rond à béton, matériau essentiellement importé, le gouvernement promet de lutter contre la spéculation sur le prix du ciment. C’est que l’enjeu est de taille. Pour endiguer la crise du logement sur laquelle ont buté les gouvernements successifs depuis l’indépendance du pays en 1962, le président Bouteflika avait promis, dès son élection en 1999, de résorber le déficit en mettant en place des programmes visant à construire des centaines de milliers de logements. Au cours de son premier mandat, le chef de l’État peut se targuer d’avoir construit 700 000 logements sur l’ensemble du territoire et, lors de la campagne présidentielle de 2004, il s’est engagé à satisfaire encore davantage les besoins des Algériens en lançant un nouveau chantier de 1 million de logements. Une année avant la tenue de l’élection présidentielle de 2009, à laquelle Bouteflika pourrait se porter candidat – sous réserve de modification de la Constitution -, ses adversaires ne manqueront pas de scruter à la loupe ses engagements en la matière.

Un gouffre entre l’offre et la demande
Qu’en est-il donc de ce fameux programme annoncé comme « la » solution pour en finir avec la crise qui dure depuis des décennies ? Promu ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme en juin 2007, Noureddine Moussa assure que les résultats sont satisfaisants. À l’en croire, tous les problèmes relatifs au financement, à la disponibilité foncière, aux études techniques ainsi qu’au choix des maîtres d’uvre ont été réglés. À la fin de 2007, 430 000 logements ont été attribués tandis que 540 000 autres, dont le taux d’avancement est de 64 %, sont en cours de réalisation et devront être affectés avant la fin de 2009. En outre, le gouvernement a lancé deux autres programmes. Le premier vise à construire plus de 530 000 logements ruraux, financés en partie par l’État, qui octroie aux heureux bénéficiaires une aide de 500 000 DA (5 000 euros) ; plus de 210 000 unités ont déjà été livrées. Le second consiste en une nouvelle formule, celle du Logement social locatif (LSL), destiné aux salariés dont le revenu mensuel est inférieur ou égal à 24 000 DA (240 euros). « Notre objectif, explique le ministre, est de permettre à une plus large catégorie de citoyens, notamment la tranche la plus démunie, de pouvoir accéder au logement social locatif. »

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