Étoiles africaines à Cuba

Du 27 mars au 2 avril s’est tenue à La Havane la première biennale Danse Caraïbes créée à l’image des Rencontres chorégraphiques africaines.

Publié le 14 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

Port-au-Prince, Johannesburg, Bamako Après de multiples voyages, Madame X et Madame Y se retrouvent et racontent leurs vies, avec beaucoup d’humour, de légèreté et un zeste d’autodérision. Le 31 mars, les chorégraphes haïtienne et sud-africaine Kettly Noël et Nelisiwe Xaba présentaient leur création Correspondances au public cubain de la première biennale Danse Caraïbes, organisée du 27 mars au 2 avril par le ministère cubain de la Culture et l’opérateur culturel du ministère français des Affaires étrangères, Culturesfrance.
« Étant originaire des Caraïbes, c’est symbolique pour moi de danser ici à Cuba ; et ce d’autant plus que mon travail est présenté comme important pour la danse contemporaine africaine », explique Kettly Noël, installée depuis 1999 à Bamako, où elle est responsable du département danse du Conservatoire des arts du Mali et dirige, depuis 2001, le festival Dense Bamako Danse.
Un enthousiasme partagé par Germaine Acogny, la « fille noire » du chorégraphe Maurice Béjart récemment disparu, membre du jury, qui, à l’annonce des résultats du concours (remporté par le Cubain Luvyen Mederos et la compagnie dominicaine Bló A Bló), a encouragé les danseurs caribéens « à explorer leur côté africain ». « Je les ai invités à venir nous rendre visite à l’École des sables que je dirige près de Dakar, car l’Afrique, c’est aussi une partie de leur être. Je ne dis pas qu’ils sont africains, mais c’est un complément à ce qu’ils sont. Regardez, Kettly Noël : c’est en Afrique qu’elle a trouvé sa force et qu’elle s’est découverte. »
Une invitation qui a séduit Noël Bonilla Chongo, directeur artistique de la biennale et chargé de mission au sein du ministère cubain de la Culture, qui, avec sa compagnie, DanzAbierta, cherche de nouvelles voies à explorer. « La Révolution, explique-t-il, a d’abord permis le développement d’un important dispositif de formation et de création, allant de pair avec l’invention d’un nouveau grand style de danse cubaine reconnu internationalement. Mais, depuis le milieu des années 1980, la tendance est à la recherche et à la diversification. Il faut déjà penser à ce qui se passera après, aux retombées en termes d’ouverture sur la région et sur le monde. »

Changer de regard
Parce que les artistes de la Caraïbe, pour des raisons politiques évidentes mais aussi logistiques, ont peu l’occasion de se rencontrer et de travailler ensemble, Culturesfrance a lancé un programme de coopération culturelle, Caraïbes en création, à l’image de ce qu’elle fait en Afrique depuis déjà plus de dix ans. Une manière de favoriser les échanges entre les différentes îles et d’aider à l’ouverture régionale et internationale. Raison pour laquelle des chorégraphes et danseurs africains étaient invités à Cuba aux côtés de vingt-six compagnies issues de douze pays de la région.
Depuis la première édition des Rencontres chorégraphiques d’Afrique et de l’océan Indien (aujourd’hui baptisées Danse, l’Afrique danse !), en 1995, à Luanda, « des réseaux d’artistes se sont construits », reconnaissent en cur Germaine Acogny et Kettly Noël. « La biennale Danse, l’Afrique danse !, malgré les critiques qui ont pu lui être adressées, a donné un coup de fouet à la créativité sur le continent, poursuit Germaine Acogny. En fait, ce n’est pas aux Occidentaux de changer leur regard sur l’Afrique, mais c’est aux Africains eux-mêmes d’amener les Occidentaux à changer leur regard sur l’Afrique. »
C’est pourquoi Culturesfrance a choisi de déléguer une partie de l’organisation et de la sélection des participants au pays hôte. La chorégraphe tunisienne Syhem Belkhodja, directrice des Rencontres chorégraphiques de Carthage depuis 2001, s’est ainsi vu confier la responsabilité d’organiser la septième édition des rencontres Danse, l’Afrique danse ! du 1er au 8 mai prochain à Tunis. Ce qui, et c’est une première, permettra d’ouvrir la biennale africaine à un large plateau maghrébin.

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