Relations avec la France : à l’heure de la realpolitik
Publié le 14 avril 2008 Lecture : 1 minute.
Il semble loin le temps où Laurent Gbagbo et les barons du Front populaire ivoirien (FPI) prônaient la « décolonisation économique » de la Côte d’Ivoire placée sous le joug des intérêts français. Jacques Chirac a passé la main et l’heure est au réalisme. « Je respire mieux et je dors mieux », affirme le président ivoirien. Les multinationales de l’Hexagone ont récemment renouvelé des positions dominantes dans certains secteurs clés. Le groupe Bolloré reste maître du transport ferroviaire avec Sitarail et de la manutention maritime avec le terminal à conteneurs de Vridi. France Télécom est solidement implantée avec Orange et Aviso. Le groupe Vinci assure la construction du palais présidentiel de Yamoussoukro. Bouygues tient toujours l’eau (Sodeci) et l’électricité (CIE). Entre 2002 et 2007, les investissements français se sont élevés à 80 milliards de F CFA. Loin devant la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud et les Pays-Bas. Les 700 entreprises françaises, dont plus de 500 PME, contribuent à hauteur de 30 % au PIB ivoirien. Elles procurent environ 50 % des recettes fiscales de l’État et emploient quelque 40 000 personnes, dont 350 expatriées. Les grands groupes redéploient leurs cadres sur le terrain. Ils quittent leurs bunkers sécurisés pour retrouver leurs maisons. Leurs épouses reviennent dans le pays et leurs enfants devraient suivre, une fois les écoles françaises rouvertes en fin d’année. Le tissu des PME a payé le plus lourd tribut à la crise, ce qui a favorisé la progression d’activités informelles et l’essor d’entrepreneurs libanais et chinois.
Le Medef (patronat français) et la Mission économique française à Abidjan, qui organise une mission de prospection en juin, misent également sur l’avenir. Paris pourrait accorder une remise de la dette ivoirienne (2 milliards d’euros) à l’égard de l’Agence française de développement (AFD). Plusieurs contrats devraient être attribués dans le cadre de la reconstruction.
