Afreximbank au plus haut, malgré la crise
Sous la houlette de Benedict Oramah, réélu à sa tête en juin, la banque panafricaine a su développer de nouveaux instruments pour s’adapter à la nouvelle donne.
Un recul d’à peine -4 %. C’est en tout et pour tout l’impact « négatif » de la crise du Covid-19 sur le bénéfice de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) : 217 millions de dollars (janvier-septembre 2020). En dépit des soubresauts de l’économie africaine, la banque a augmenté les prêts et avances aux clients.
Créée en octobre 1993 pour promouvoir et financer le commerce en Afrique, Afreximbank a longtemps offert un appui indifférencié aux échanges, finançant par exemple les biens importés par un grossiste kényan que ceux-ci viennent de l’Inde ou de l’Ouganda… Résultat : fin 2015, la part du financement du commerce intra-africain dans le portefeuille de prêts de la banque était de 3 % à peine.
Le virage stratégique de Benedict Oramah
Cet état de fait a changé depuis l’arrivée aux commandes, en septembre 2015, du Nigérian Benedict Oramah. Ce panafricaniste convaincu a radicalement réorienté les opérations en faveur des échanges intra-africains – 28% du portefeuille de prêts à la fin de 2019 – et du secteur privé continental.
Le stock de garanties accordées aux entrepreneurs a doublé entre 2016 et 2019 à 8,6 milliards de dollars, celles destinées aux États ont baissé de moitié à 3,8 milliards.
« Nous sommes heureux de voir que, grâce à l’effort de la Banque, il devienne maintenant à la mode de financer le commerce et les investissements intra-africains », s’est enthousiasmé Benedict Oramah, lors de sa réélection en juin 2020 pour un second mandat de cinq ans.
Appui inconditionnel des actionnaires
Afreximbank doit son succès à deux types d’atouts. D’un, l’appui inconditionnel de son actionnariat composé majoritairement de banques centrales africaines, qui lui permettent de se financer à des coûts modérés, ainsi que la large variété de produits financiers proposés (prêts, garanties, crédits renouvelables, arrangements de levées de fonds…).
De deux, une connaissance fine des marchés due aux solides partenariats liés avec les meilleures signatures du continent – de Dangote Group à Liquid Telecom, en passant par El Sewedy Electric ou encore Mauritius Commercial Bank.
Oramah a également fait preuve d’une remarquable créativité, développant régulièrement de nouveaux instruments financiers face aux crises affectant le continent. La Banque a significativement boosté son offre de lettres de crédit après la chute des prix du pétrole de 2014-2016, déboursant près de 10 milliards de dollars en deux ans.
Implémentation de la Zleca
En mars, un nouveau mécanisme (Patimfa) dédié à contrecarrer les effets de la pandémie a vu le jour et a contribué à la hausse des prêts et avances de liquidités accordées (15,96 milliards de dollars à la fin septembre, +33 % sur un an).
Une adaptabilité qui n’est pas pour rien dans le choix de l’Union africaine, qui a confié à l’institution le développement de plusieurs mécanismes financiers devant accompagner l’implémentation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).
En juin, Benedict Oramah a promis aux actionnaires de la Banque d’œuvrer à ce que d’ici 2025, Afreximbank « se dresse comme un colosse dans l’arène du financement du commerce africain », et soit « une banque dont tous les Africains seront fiers ; une banque que les générations futures d’Africains montreront du doigt pour prouver que le continent a effectivement tracé sa propre voie ». Lyrique peut-être. Utopique ? Pas forcément.
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