La course contre la montre

Haro sur les embouteillages, l’enclavement et les coupures d’eau… L’État a engagé de vastes chantiers d’infrastructures. Avec, comme priorité numéro un, le respect des délais.

Publié le 14 avril 2008 Lecture : 4 minutes.

« Les ministres travaillent chrono en main et les yeux rivés sur le calendrier, ironise Saïd, patron d’un restaurant à Alger. Si les chantiers ne sont pas achevés avant l’année 2009, Bouteflika risque de piquer une grosse colère. » Une année avant la tenue de l’élection présidentielle d’avril 2009, ministres, hauts fonctionnaires et dirigeants d’entreprise se lancent dans une véritable course contre la montre pour livrer les différents projets avant l’échéance cruciale. Métro, autoroutes, usines de dessalement d’eau de mer : revue de détails de quelques-uns des grands chantiers du vaste programme quinquennal 2005-2009, dont l’ambition est de moderniser les infrastructures du pays.

Métro d’Alger
« Circuler à Alger est devenu un enfer en raison de l’explosion du parc automobile, maugrée un chauffeur de taxi. Vivement l’arrivée de ce fameux métro qu’on nous promet depuis des années. » Serpent de mer pour les uns, Arlésienne pour les autres, la construction du métro d’Alger a pris tellement de retard – le premier coup de pioche avait été donné en 1982 – que les Algérois ont fini par ne plus y croire. Et pourtant, la première ligne (longue de 9,1 km et comprenant 10 stations) reliant le quartier Haï el-Badr (Bourouba) à Tafourah-Grande Poste (au centre d’Alger), sera mise en service en décembre 2008. « Le reste du réseau sera ouvert graduellement en fonction de l’avancement des travaux », précise Rachida Amirouche, chargée de communication au sein de l’Entreprise du métro d’Alger (EMA).
Laissé à l’abandon durant les années 1980 et 1990 en raison du manque de financements, le projet a été officiellement relancé en janvier 2006. D’un coût global de 65 milliards de dinars algériens (DA) – 635 millions d’euros -, le chantier a été confié à un consortium constitué des entreprises européennes Siemens Transportation Systems pour la pose du matériel fixe, la signalisation et l’électrification et Vinci Construction Grands Projets pour le génie civil, ainsi que de la firme Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) pour le matériel roulant (14 rames de 6 voitures chacune). Géré par la RATP (Régie autonome des transports parisiens), le métro d’Alger devra assurer le déplacement de 41 000 voyageurs par heure, soit 150 millions de voyageurs par an, avec des intervalles d’exploitation allant jusqu’à moins de 2 minutes en période de pointe. D’une vitesse de 70 km/h, il sera ouvert de 5 heures à 23 heures.

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Autoroute Est-Ouest
La réalisation de la grande autoroute est-ouest est entrée aujourd’hui dans une nouvelle phase avec le lancement d’une étude sur les prix et les modalités de péage auxquels seront soumis les futurs usagers de ce mégaprojet, long de 1 216 km, qui doit relier la frontière est à la frontière ouest du pays. Bien que la question ne soit pas encore tranchée, on sait désormais que le prix du péage ne dépassera guère 2 DA/km (0,019 euro), soit un coût inférieur à celui pratiqué au Maroc (3 DA) et équivalent à celui de la Tunisie. Compte tenu du pouvoir d’achat de plus en plus précaire des Algériens, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, grand maître d’uvre du projet, se veut plutôt rassurant : « Le prix sera symbolique et sera à la portée de tous les usagers », affirme-t-il.
Confié au groupe chinois Cetic-CRCC ainsi qu’au consortium japonais Cojal, le « chantier du siècle », d’un montant de 11,4 milliards de dollars, comprendra 57 sorties, un échangeur tous les 35 kilomètres, 60 stations de péage, 35 aires de repos, 70 stations-service, 70 magasins et grandes surfaces, autant de restaurants, et une cinquantaine d’hôtels. Pour garantir la sécurité des installations et des automobilistes, des caméras de surveillance seront disséminées le long du tracé, en particulier aux péages. Lancé en septembre 2006, le chantier devrait être livré à la fin de 2010. Plusieurs tronçons sont déjà ouverts à la circulation, notamment à Alger, Bouira, Blida, Tizi Ouzou, Annaba et Oran. Par ailleurs, une seconde autoroute, de 1 330 km, sera construite pour désenclaver la région des Hauts Plateaux. Coût annoncé : 8 milliards d’euros.

Dessalement d’eau de mer
Fini les pénuries d’eau qui empoisonnent depuis des décennies le quotidien des Algériens ? En tout cas, le gouvernement y croit ferme, avec la mise en place d’un programme de construction de 13 unités de dessalement, qui approvisionneront en eau potable les principales agglomérations du pays. À l’horizon 2010, l’ensemble de ces nouvelles installations produira plus de 2,3 millions de m3 par jour. Pour que la distribution épisodique ne soit plus qu’un mauvais souvenir dans la capitale, une station de dessalement a déjà été inaugurée le 24 février dernier dans le quartier d’El-Hamma. Construite par GE Water & Process Technologies, une filiale de l’américain General Electric, pour un coût de 159,3 millions d’euros, l’unité – qui est pour l’heure la plus grande du genre en Algérie – permettra de dessaler jusqu’à 200 000 m3 d’eau par jour et d’approvisionner près de 2 millions d’Algérois. Deux nouvelles stations doivent également être construites dans les wilayas (départements) de Mostaganem et de Boumerdès. De son côté, le groupe singapourien Hyflux doit livrer, en 2011, une usine de dessalement à Magtaa, dans la région d’Oran, pour un montant de 468 millions de dollars. Détenue à 51 % par Hyflux et à 49 % par l’Algerian Energy Compagny (AEC) – une entreprise créée en 2001 par le groupe pétrolier public Sonatrach et la société nationale de l’électricité et du gaz Sonelgaz -, cette station, d’une capacité de 500 000 m3 par jour, sera la plus importante au monde en termes de volume. Outre ces unités de dessalement, le pays dispose désormais de 59 barrages, et 13 autres sont en cours de construction. « La diversification des sources d’approvisionnement, avec les barrages, les nappes phréatiques et le dessalement, nous permet de disposer de solutions de rechange en cas de pénurie », explique le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal.

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