Hassi Messaoud : la ville nouvelle prend déjà du retard

Insatisfait du résultat, le gouvernement vient d’annuler l’appel d’offres international pour la construction en plein désert d’une cité de 80 000 habitants.

Publié le 14 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

Le projet pharaonique de la ville nouvelle de Hassi Messaoud est ensablé. Évalué entre 5 milliards et 6 milliards de dollars d’investissements, il doit théoriquement faire émerger une ville de 80 000 habitants au sud de l’Algérie d’ici à 2015. Or le groupement d’entreprises qui doit faire office de cabinet d’ingénierie pour concevoir, lancer et faire sortir du sable saharien le « nouveau Hassi Messaoud » aurait dû être désigné au plus tard au début du mois d’avril. Après n’avoir retenu, le 17 mars 2008, que deux candidats sur les quatre en lice, les services du ministère de l’Énergie et des Mines s’étaient en effet donné une dizaine de jours au plus pour départager les deux finalistes : le français Losis international associé au tunisien Studi Group, face au consortium sud-coréen Hassi Messaoud Korea Consortium (HMKC) emmené par Korea Land Corporation, suivi de quatre autres firmes coréennes (Somem Corporation, Samoo Architects & Engineers, Korea Telecom et Sogreah Consultant).
Dix jours plus tard, le silence persistant du ministère de l’Énergie et des Mines, tout comme celui de l’Établissement de la ville nouvelle de Hassi Messaoud, l’établissement public chargé de la coordination du projet, a donné naissance à un flot de rumeurs. Insatisfaites du résultat, les autorités algériennes auraient finalement décidé de repartir de zéro. Elles auraient tout simplement annulé l’appel d’offres international. Et travailleraient à relancer une nouvelle procédure le plus rapidement possible.

18 000 logements à construire
Car ce contretemps ne remettra pas en cause le projet. Mais il pourrait repousser le lancement des travaux, annoncé pour le premier trimestre 2009. Ils devraient durer soixante-seize mois. Extirper et éloigner l’actuelle ville et ses 60 000 habitants du cur de l’activité pétrolière et gazière du pays est en effet un impératif. En un peu plus de vingt ans, Hassi Messaoud s’est développée de manière anarchique. Des zones d’habitation et des bidonvilles se sont enchevêtrés entre des pipelines et des installations industrielles ou pétrolières. Bien trop risqué, selon le gouvernement, qui veut redonner au site sa vocation première : l’exploitation pétrolière et gazière. D’où le projet de délocaliser la ville et ses habitants, décidé par un décret du 18 septembre 2006. Un projet qui permettra également de mieux surveiller et sécuriser les installations stratégiques mais aussi d’accompagner en moyens logistiques nouveaux l’objectif du pays d’augmenter sa capacité de production de pétrole et de gaz à l’horizon 2010.
Située en plein désert, à 80 kilomètres au nord de l’actuelle Hassi Messaoud, la ville nouvelle se trouvera à une distance identique des villes de Touggourt et de Ouargla. Dépeinte par ses promoteurs comme une « Oasis urbaine », elle s’étendra sur une superficie de 4 483 hectares. Une réserve foncière de 1 161 hectares est d’ores et déjà réservée en vue d’une extension future. Sur le papier, rien ne manque. Outre la capacité d’accueil de près de 100 000 habitants, pour laquelle la construction de 18 000 logements, individuels et collectifs, est prévue, la « nouvelle Hassi Messaoud » comprendra un « îlot énergie », qui constituera le quartier général des compagnies pétrolières opérant sur les champs pétroliers voisins, ainsi que des immeubles administratifs, des instituts universitaires, des centres de formation, de recherche et de développement, des centres commerciaux, un hôpital, huit stades scolaires, deux lycées, vingt-deux écoles primaires, cinq mosquées
Face au gigantisme de l’entreprise, l’État a prévenu qu’il n’assumerait pas seul le coût de ce projet. Le gouvernement a invité les compagnies pétrolières installées dans la région, dont Sonatrach et Sonelgaz, à contribuer au financement de leurs nouveaux sièges sociaux, eux aussi délocalisés. À condition que la ville nouvelle Hassi Messaoud ne devienne pas un mirage.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires