Dubaï surendetté ?
Si Dubaï ne s’était pas endetté, si, en 1958, le grand-père de Cheikh Mohamed Ibn Rachid n’avait pas emprunté 500 000 livres sterling au riche Koweït pour draguer la vase de son port, l’émirat serait resté un village de pêcheurs, et la zone franche de Jebel Ali ne se serait pas développée au point de représenter 26 % de son PIB, soit plus de 50 milliards de dollars. En fait, Dubaï n’avait pas le choix : aujourd’hui, ses revenus pétroliers représentent moins de 5 % de son PIB. Mais trop est peut-être trop. Dubaï pourrait être à présent en situation de surendettement. Le coût de l’assurance pour garantir sa solvabilité a doublé depuis août 2007 et la crise des subprimes. Certains craignent même que les difficultés soient telles que Dubaï soit obligé de demander la caution de ses voisins d’Abou Dhabi.
À Dubaï, l’imbrication du public et du privé et la multiplication des projets basés sur le crédit sont telles que l’émirat n’a toujours pas pu obtenir un rating souverain de sa dette. Le gouvernement souligne que les excédents fiscaux ont été en moyenne de 10 % par an depuis 2000. Il estime le découvert global à 10 % seulement du PIB. L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) évalue, elle, à environ 50 % du PIB l’endettement des entreprises publiques, mais à moins de 20 % de leurs fonds propres. Pour Farouk Soussa, directeur des ratings souverains de S&P, la dette du Dubaï est tout à fait maîtrisable. Le risque serait qu’une guerre régionale, un grave attentat terroriste ou un important ralentissement du commerce mondial ne chassent les étrangers et ne cassent le marché immobilier. Mais, à l’heure actuelle, le secteur public nourrit des projets toujours aussi ambitieux et la dette pourrait continuer de se creuser.
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