Desmond Tutu*

Publié le 14 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

La route tue, chaque année, plus de 1,2 million de personnes dans le monde et fait 50 millions de blessés. Les pays riches font actuellement de grands progrès pour endiguer cette hécatombe, imposent des règles de circulation plus strictes et construisent des routes plus sûres. Malheureusement, le nombre des victimes dans les pays en développement suit la direction inverse. Les accidents de la route font autant de morts que le paludisme et la tuberculose. Chez les 10-24 ans, ils sont la première cause de mortalité. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit même une augmentation de 80 % du nombre de victimes en 2020. Mais, contrairement au paludisme, il n’existe aucun programme qui puisse faire refluer ce phénomène.
Les routes africaines sont parmi les plus dangereuses au monde. On dénombre 2 morts pour 10 000 voitures aux États-Unis, contre plus de 190 en Ouganda et en Éthiopie. Beaucoup de victimes sont des enfants et des habitants des campagnes, où il n’y a pas de services d’urgence.

Mais cette « épidémie » ne se limite pas aux frontières de l’Afrique. Elle est mondiale. La circulation est une des principales causes de mortalité en Amérique latine et en Asie du Sud. Contrairement aux pays riches où ce sont les chauffeurs et les passagers qui sont le plus exposés aux risques d’accident, dans les pays en développement, ce sont les gens trop pauvres pour avoir une voiture qui sont en première ligne. Dans les hôpitaux de Nairobi, de São Paulo ou de Manille, plus d’un lit sur cinq aux urgences est occupé par une victime d’un accident de la route.
Les pays donateurs constituent une partie du problème. Le G8 s’est engagé à verser 1,2 milliard de dollars pour les routes africaines. Nous nous en réjouissons car ces infrastructures restent indispensables pour la réduction de la pauvreté et le renforcement des échanges commerciaux. Mais l’Afrique a aussi besoin de routes sûres. Les normes internationales stipulent que 10 % des dépenses concernant les infrastructures du transport doivent être consacrées à la sécurité. Le G8 n’en prévoit que 1 %.

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Il existe toutefois un vaccin : de simples mesures de précaution, des routes bien conçues, des vitesses limitées, l’application des lois sur le port du casque Tout cela n’est pas sorcier. Beaucoup de pays en développement montrent l’exemple. Le Rwanda a déjà fait baisser le nombre de morts sur les routes. Au Vietnam et en Thaïlande, l’éducation et le port du casque obligatoire donnent de bons résultats. Bogotá, la capitale colombienne, a aménagé de nombreuses rues piétonnes et a mis en place un important réseau de transports publics.
Un sommet international pourrait monter ces exemples en épingle. Mais avons-nous vraiment besoin d’attendre l’organisation d’un sommet mondial pour investir dans la sécurité routière et sauver des vies humaines ?

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