Comptes d’apothicaires

Le gouvernement d’union tarde à voir le jour. La population s’impatiente. Et les bailleurs menacent de fermer le robinet.

Publié le 14 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Le 8 avril, l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan fêtait son 70e anniversaire. À cette occasion, il s’est adressé au président kényan Mwai Kibaki et à son rival Raila Odinga pour leur faire part d’une demande spéciale. « Offrez-moi un beau cadeau d’anniversaire : accordez-vous sur un gouvernement », a-t-il supplié. Il n’est pas certain que, même formulée en des termes si personnels, cette prière soit entendue par les deux protagonistes, qui se disputent comme des chiffonniers depuis la présidentielle truquée du 27 décembre 2007.
Après deux mois de troubles et d’extrêmes violences responsables de la mort de plus de 1 500 personnes, le Mouvement démocratique orange (ODM) de Raila Odinga et le Parti de l’unité nationale (PNU) de Mwai Kibaki sont parvenus à un accord, fin février. Obtenu sous l’égide de Kofi Annan et grâce à la pression américaine, cet accord a été voté à l’unanimité par le Parlement, le 18 mars. Il prévoit la création d’un poste de Premier ministre – comme prévu en 2002 par la Coalition arc-en-ciel (NARC) -, dévolu au chef du groupe parlementaire le plus important, en l’occurrence Raila Odinga, ainsi qu’un partage « équilibré » du pouvoir entre les deux principaux partis. C’est là que le bât blesse.
Alors que la composition du gouvernement devait être annoncée le 6 avril, l’ODM et le PNU n’ont pu trouver de compromis. Avec une administration composée de quarante ministres, les uns et les autres auraient pu y trouver leur compte. Cela n’a pas été le cas. N’étant pas parvenus à s’entendre sur des postes clés comme les ministères des Affaires étrangères, des Finances, des Transports, de l’Énergie, de la Défense ou encore de la Sécurité intérieure, Odinga et Kibaki se renvoient la responsabilité de l’échec. Le premier accuse le second de ne pas vouloir dissoudre le gouvernement qu’il a formé à la hâte début janvier. Pour Kibaki, l’équipe d’Odinga est trop exigeante La crise risque de durer puisqu’elle concerne également les nominations de hauts fonctionnaires ou de diplomates.
Alors que les chamailleries vont bon train au sommet de l’État, les bailleurs de fonds – Royaume-Uni, États-Unis, Canada et Union européenne – commencent à faire sentir leur exaspération. Ils menacent de fermer le robinet si un accord n’est pas rapidement trouvé. Après quatre mois de négociations, les dirigeants continuent d’exhorter les Kényans à la « patience ». Il leur en faudra. Quelque 300 000 déplacés n’ont pas encore retrouvé leur terre. Et les inégalités qui séparent riches et pauvres restent bien plus importantes que le « petit fossé » qui sépare Kibaki et Odinga.

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