Un AK-47 contre quatre vaches

Publié le 16 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

En 1999, les militaires péruviens parachutaient 10 000 fusils d’assaut AK-47 aux forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), une guérilla très liée aux producteurs et aux trafiquants de drogue. Les armes avaient été achetées en Jordanie. La plupart des 80 millions de AK-47 qui circulent dans le monde aujourd’hui sont entre de mauvaises mains. Selon les Nations unies, seuls 18 millions des 550 millions d’armes légères répertoriées, soit environ 3 %, sont utilisés par les armées et les forces de police sous contrôle gouvernemental. Le commerce illicite compte pour près de 20 % du commerce total d’armes légères et génère plus de 1 milliard de dollars chaque année. Ces armes ont servi dans quarante-six des quarante-neuf conflits majeurs de la dernière décennie, et on estime qu’elles ont été responsables de mille morts par jour en 2001. Plus de 80 % des victimes étaient des femmes et des enfants.
Les armes légères ne sont qu’une partie du problème. Le marché illégal pour les munitions comprend aussi des chars dernier cri, des systèmes de détection radar et les composants des armes de destruction massive les plus meurtrières. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé plus d’une douzaine de cas de vols de matériels de fabrication d’armes nucléaires et des centaines d’autres cas ont été signalés au cours de la dernière décennie. Il se peut que l’offre réelle de composants et de technologies de type nucléaire, biologique ou chimique reste limitée. Mais la demande potentielle, aussi bien de la part des gouvernements à la recherche d’armes nucléaires que du côté des terroristes, est forte et en augmentation. Résultat : une hausse des prix qui crée de fortes incitations aux activités illégales. Plus d’un cinquième des 120 000 employés des anciennes « cités nucléaires » russes, dont plus de la moitié gagne moins de 50 dollars par mois, se déclarent prêts à travailler pour un complexe militaire à l’étranger.
Les gouvernements se sont montrés incapables de limiter aussi bien l’offre que la demande. Ces dernières années, deux pays, le Pakistan et l’Inde, ont rejoint le club des puissances nucléaires déclarées. L’embargo de l’ONU n’a pu empêcher la vente de pièces d’avions de combat de fabrication yougoslave et d’un système radar « Kolchuga » ukrainien à l’Irak. Les efforts au niveau international pour contrôler la production et le commerce des armes sont en train de manquer leur cible. Certains gouvernements qui ne veulent pas limiter leurs propres activités dans le domaine y sont pour beaucoup. En 2001, par exemple, les États-Unis ont bloqué un traité international de non-prolifération des armes légères. Leur décision était en partie motivée par la crainte que ce traité n’impose des restrictions sur le droit des citoyens américains à posséder des armes. En l’absence d’une législation internationale efficace, ce sont les lois de l’économie qui sont à l’oeuvre. Et la tendance est à plus de ventes d’armes légères à meilleur marché. En 1986, à Kolowa, au Kenya, un fusil d’assaut AK-47 coûtait l’équivalent de quinze vaches. Aujourd’hui, il n’en vaut plus que quatre.

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