Sous haute surveillance
Un rapport de l’ONU tire la sonnette d’alarme : le pays est devenu un vaste centre de trafics en tout genre. Et le point de transit de groupes terroristes.
Le Conseil de sécurité de l’ONU va statuer, en juin prochain, sur « les conséquences à tirer » du rapport des experts mandatés en Somalie pour collecter des informations sur les violations de l’embargo sur les armes et formuler des propositions pour qu’il soit respecté. « Les États voisins et d’autres n’ont cessé de fournir armes, équipements, entraînements et soutiens financiers aux factions somaliennes depuis la résolution 733 du 23 janvier 1992 du Conseil de sécurité », dit, en substance, ce rapport de 62 pages daté du 25 mars. Il révèle, en outre, que le matériel et les explosifs utilisés dans l’attaque terroriste du 28 novembre 2002 contre un hôtel de Mombasa, au Kenya – qui a fait des victimes israéliennes et kényanes – ont transité par la Somalie. De la même façon que d’autres terroristes étrangers ont traversé son territoire pour atteindre le Kenya, puis la Tanzanie, avant de commettre des attentats à la bombe contre les ambassades américaines dans ces deux pays, en 1998.
De là à affirmer que la Somalie est le repaire du terrorisme dirigé contre les intérêts américains dans le monde, il n’y a qu’un pas que les experts se sont gardés de franchir. Si le pays est effectivement un point de transit, estiment-ils, les groupes d’activistes locaux apparaissent comme une faible menace. Les États-Unis ont aujourd’hui fini de démanteler le plus puissant d’entre eux : El-Ittihad el-Islamiya (« Union islamique »), une organisation politico-militaire née en 1991. Structure tentaculaire au financement douteux, El-Ittihad el-Islamiya possédait la Barakaat Bank (poumon économique et premier pourvoyeur d’emplois du pays), des start-up, des entreprises de BTP et des agences de voyage. Soupçonnée de fournir à el-Qaïda des combattants entraînés en Somalie et des fonds estimés à 25 millions de dollars par an, elle a été fichée comme organisation terroriste par l’administration américaine, le 23 septembre 2001. Ses avoirs ont été gelés, et tous ses établissements fermés en novembre de la même année.
La Somalie est aujourd’hui asphyxiée par la cessation d’activités de la Barakaat Bank, par laquelle transitaient les quelque 500 millions de dollars que les 1,5 million de Somaliens de la diaspora envoient chaque année au pays. Une manne qui constitue, en l’absence de tissu économique, l’unique source de revenus de la population. Ainsi s’accélère sa descente aux enfers, entamée avec la chute, le 27 janvier 1991, du régime de Syaad Barré. Le Parlement de transition mis sur pied en août 2000 et le président de la République par intérim qu’il a élu, Abdulkassim Salad Hassan, n’ont jusqu’ici pas réussi à contrôler plus d’une partie de la capitale et de ses environs, ni à collecter des impôts du fait de l’opposition des chefs de guerre. Ne finira-t-on pas, comme l’insinue le rapport de l’ONU sans oser l’écrire, par la mise sous tutelle internationale du pays ?
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