Premières fausses notes

La coalition arc-en-ciel au pouvoir depuis le début de l’année est victime de dissensions internes. Ça commence mal !

Publié le 16 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Rebâtir une unité qui commence à montrer ces derniers temps des signes de faiblesse : voilà l’objectif des députés de la majorité arc- en-ciel (Narc) au pouvoir au Kenya. Ils se sont retrouvés, du 4 au 6 avril, à Nanyuki, pour deux jours de séminaire. À en croire Noah Wekesa, l’un des organisateurs de la rencontre, « il est temps pour le parti de resserrer les liens, de rétablir la confiance et de chercher à travailler comme une entité homogène ».
Dès les premières heures de la victoire de Mwai Kibaki, le 27 décembre dernier, on s’inquiétait de la viabilité d’une coalition un peu trop « arc-en-ciel », construite à la veille d’une échéance électorale. Une inquiétude vite devenue réalité, jusqu’à menacer le lancement de réformes très attendues. Ainsi le Liberal Democratic Party (LDP), formé des plus récents dissidents de la Kanu – ceux qui ont quitté l’ancien parti au pouvoir en octobre 2002 – se plaint-il du non-respect de l’accord électoral qui prévoyait un partage à 50-50 des postes du gouvernement. Tandis que certains membres de la Narc dénoncent ce qu’ils appellent « la mafia du mont Kenya » : les communautés kikuyue, embue et merue, auxquelles seraient revenus trop de postes de hauts fonctionnaires et de ministères.
En fait, au sein de la Narc, partisans du LDP et fidèles du National Development Party de l’opposant historique Raila Odinga (ministre des Infrastructures et des Travaux publics) s’affrontent. Les premiers craignent que la lutte contre la corruption ne les touche de plein fouet, les seconds se plaignent de n’avoir pas eu suffisamment de postes.
Outre ces tiraillements internes, le gouvernement Kibaki doit faire face à une opposition et à des laissés-pour-compte qui font cause commune pour bloquer le vote des lois anticorruption. Celles-ci sont pourtant essentielles, parce qu’elles sont attendues par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et les chancelleries occidentales avant toute reprise de leur aide économique. Laquelle est, bien entendu, indispensable pour financer les promesses de la campagne, notamment l’éducation gratuite pour tous qui devrait coûter quelque 140 millions de dollars pour l’année fiscale 2003-2004.
Les médias s’agitent, quelques frissons d’exaspération secouent déjà certaines catégories sociales, mais la majorité des Kényans reste patiente. Les espoirs nés de l’alternance du 27 décembre dernier ne sauraient être déçus par quelques bisbilles politiciennes.

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