Optimisme de rigueur

Le taux de croissance est en baisse, mais une dévaluation n’est pas à l’ordre du jour.

Publié le 16 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Frédéric Korsaga ne veut pas « faire de triomphalisme », mais simplement « rassurer les investisseurs ». Car il est une certitude que le commissaire chargé des politiques économiques à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et président du comité de convergence de la zone franc a ramenée de son passage à Niamey (Niger) où se tenait, le 8 avril, la réunion des ministres des Finances des quatorze pays convertis au franc CFA : il n’y aura pas de dévaluation. Du côté des huit pays de l’Uemoa, en effet, le taux de couverture monétaire atteignait, fin décembre 2002, 117,8 %. « La zone a suffisamment de réserves pour éviter toute dépréciation de sa monnaie, martèle le Burkinabè Frédéric Korsaga, même si l’économie réelle souffre. » Même chose pour les six pays de la Commission économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), où ce même taux a avoisiné, l’année dernière, les 66 %. Soit, dans les deux cas, « plus de six mois de réserves, quand la norme n’en exige que trois ».
Reste, maintenant, à faire en sorte que « les résultats économiques soient à la hauteur des performances monétaires ». Et là, rien n’est acquis. Le taux de croissance de l’Uemoa est tombé à 1,5 % en 2002, contre 3,7 % l’année d’avant. Une chute qui s’explique par la crise en Côte d’Ivoire (son Produit intérieur brut, qui représente 40 % de celui de l’Union, s’est contracté de 1,2 % en 2002), par le ralentissement de la croissance qu’elle a induit au Mali et au Burkina et par des pluies moins abondantes, qui ont pénalisé les secteurs agricoles. « Le fait que nous ayons malgré tout ramené l’inflation à 2,9 % en 2002, contre 4,1 % en 2001, constitue donc une bonne nouvelle », se félicite-t-on à l’Uemoa. Et ce, même si « la dette de la Côte d’Ivoire, du Togo et de la Guinée-Bissau demeure préoccupante ». Un domaine dans lequel le Burkina, le Mali et le Bénin s’en tirent mieux que leurs voisins, puisqu’ils ont tous trois atteint le point d’achèvement de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE). Le Sénégal devrait, pour sa part, « y parvenir avant la fin du mois d’avril ».
Les ministres réunis au Niger ont également constaté un fléchissement des économies des pays de la Cemac. La situation budgétaire de la zone s’est en effet dégradée par rapport à l’année 2001, le montant des dépenses ayant dépassé celui des recettes. Et si le taux de croissance de la sous-région s’est maintenu à 4,7 % en 2002 (contre 6 % en 2001), c’est grâce au pétrole, la quasi-totalité des pays de la Cemac étant d’importants producteurs. D’où la nécessité, réaffirmée par le Comité de convergence, d’appliquer les décisions prises lors de la dernière conférence des chefs d’État de la zone dans le cadre d’un programme triennal 2002-2004. Programme qui prévoit notamment un soutien à la microfinance et le développement des banques spécialisées.
Du coup, Frédéric Korsaga se dit « confiant » dans la capacité des deux zones à surmonter les conséquences de la crise ivoirienne. Mais garde un oeil sur le Moyen-Orient : « Ce qui se passe en Irak a un impact direct dans nos assiettes, la hausse des cours du pétrole entraînant notamment un renchérissement des importations, du carburant et, donc, une baisse du pouvoir d’achat. » Pas d’affolement tout de même : « La tendance actuelle est à la baisse des prix du brut. Espérons que cela va continuer. »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires