L’Algérie en toutes lettres
La comédienne Ariane Ascaride donne sa voix à des hommes et à des femmes hantés par la guerre d’indépendance.
Publié le 16 avril 2003 Lecture : 1 minute.
«Nous avions 15 ans et la mémoire pas encore mutilée, nous avions 15 ans et le temps de vivre. » Dans un face-à-face intimiste avec un public restreint au Théâtre de la Madeleine, à Paris, l’actrice marseillaise Ariane Ascaride, égérie du réalisateur Robert Guédiguian (Marius et Jeannette), égrène les souvenirs brûlants d’individus dont le destin a été bouleversé par la guerre d’indépendance algérienne. La déchirure d’un exil forcé et ses ramifications dans le présent, rassemblées dans une dizaine de lettres d’Algériens et de Français de toute origine. Comme autant de déclarations d’amour pour un pays qui les hante toujours.
L’année dernière, à l’occasion de la commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962, l’hebdomadaire culturel français Télérama a lancé un appel à tous ceux dont la mémoire a besoin de s’exprimer. Fragments d’une histoire commune, plus de mille missives sont parvenues au journal, qui les a regroupées dans un hors-série intitulé Algérie, je t’écris !
Aux Nuits de la correspondance de Manosque, en septembre 2002, Ariane Ascaride en proposait une lecture bouleversante. « J’ai pris de plein fouet une charge affective à laquelle je n’étais pas préparée, confie la comédienne dans les colonnes de Télérama. Je me souviens de tous les petits papiers que des spectateurs avaient déposés discrètement sur les chaises à côté de moi, où les gens me remerciaient, entre deux larmes, de les avoir ramenés chez eux. »
L’intensité des émotions ne s’est pas perdue entre Manosque et Paris. Dans une gestuelle minimaliste mais efficace, dramatique et douce, Ariane Ascaride prête sa voix à des blessures trop longtemps tues. Comme celle de ce vieil homme de Saint-Nazaire qui, se souvenant du Mouloud de son enfance, confie avoir encore « mal à l’Algérie ».
