Khalifa Télévision broie du noir

La chaîne par satellite, propriété du milliardaire algérien Rafik Khalifa, a été placée en redressement judiciaire par un tribunal français.

Publié le 16 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Elle voulait être une « M6 » à l’algérienne, une « chaîne francophone gratuite à vocation généraliste, qui s’adresse à toutes les générations, tout en portant une attention particulière aux jeunes de France, d’Algérie et du pourtour méditerranéen ». Khalifa Télévision, propriété de l’homme d’affaires Rafik Khalifa, était diffusée exclusivement par satellite. Depuis le 3 mars dernier, elle faisait même partie du bouquet TPS. Le 9 avril, le tribunal de commerce de Bobigny plaçait la chaîne en redressement judiciaire. Quelques jours auparavant, Paul Hagnauer, nommé patron de la chaîne le 31 mars, avait déposé le bilan de l’entreprise avec possibilité de poursuite de l’activité. Le tribunal de Bobigny a désigné un administrateur judiciaire – un cabinet d’avocats parisien, qui aura pour mission d’assister l’entreprise, le temps que l’on décide de son avenir.
L’affaire Khalifa Télévision n’a pas surpris grand monde. La chaîne avait commencé à émettre sur la France en septembre 2002, sans autorisation du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Celle-ci ne lui sera accordée qu’en novembre 2002, après une suspension temporaire d’antenne. L’autorité de régulation, méfiante, lui avait signé une convention de deux ans au lieu des cinq habituels. Le 24 février, coup de théâtre : Djamel Guelimi, alors PDG de la chaîne, est appréhendé à l’aéroport d’Alger en possession d’une mallette contenant près de 2 millions d’euros qu’il s’apprêtait à sortir du territoire. L’histoire braque les projecteurs sur Khalifa Télévision et ses pratiques. Depuis ses débuts, la chaîne avait enrôlé, à tour de bras, d’anciennes ou d’actuelles vedettes du paysage audiovisuel français et versait, dit-on, des salaires mirobolants, alors même qu’elle n’avait aucune ressource publicitaire. Une source interne à l’entreprise affirme que « les 20 millions d’euros qui devaient lui servir de budget annuel ont été dilapidés en trois mois ! » À l’heure où nous écrivions ces lignes, seule une image figée avec le logo de la chaîne était visible à l’antenne. Le personnel attendait toujours le paiement des salaires des mois de février et mars.
Pourtant, on peut lire dans un document de communication interne, rédigé par les salariés et daté du 8 avril 2003, qu’ils ont été informés « qu’un virement de 392 904 euros a été fait par M. Khalifa sur le compte d’un avocat parisien, Me Bouvier, pour assurer le paiement de leurs salaires de février. Confirmation de l’arrivée de cette somme leur a été donnée par Me Bouvier lui-même. Les salariés remercient M. Khalifa de les sortir, même si ce n’est qu’en partie pour l’instant, de situations financières personnelles le plus souvent dramatiques. » Le même personnel n’arrive pas aujourd’hui à se mettre d’accord sur l’attitude à observer : ces derniers temps, certaines assemblées générales se sont terminées en pugilat. Khalifa Télévision ne devrait pourtant pas disparaître totalement. Une nouvelle entité pourrait voir le jour avec un effectif plus réduit. On parle de vingt à trente personnes, au lieu des quelque deux cents qui y travaillent actuellement.

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