Disparus dans le triangle du désert

Le 10 avril, les autorités étaient toujours à la recherche des vingt-neuf touristes européens partis en randonnée dans le Tassili à la fin du mois de février.

Publié le 16 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Les autorités algériennes ont dépêché une armada dans le sud du pays pour tenter de retrouver les vingt-neuf touristes européens qui n’ont pas donné signe de vie depuis la fin du mois de février. Plus de mille deux cents soldats et gendarmes sont partis ratisser le Sahara algérien entre Ouargla, au Nord, Djanet à l’Est, et Tamanrasset, au Sud. Deux hélicoptères et un avion de reconnaissance, équipé d’un détecteur de chaleur et de vision nocturne, décollent trois ou quatre fois par jour pour survoler le Tassili, soit plus de 700 000 km2. Mais les recherches sont rendues difficiles par les vents de sable, courants en cette période de l’année.
Ces tempêtes ont d’ailleurs été avancées comme cause de la disparition des six groupes de touristes (quinze Allemands, quatre Suisses, un Néerlandais, un Suédois et huit Autrichiens – derniers en date à avoir été signalés disparus) aux alentours des villes d’Illizi et de Tamanrasset, ainsi que de leurs véhicules. Partis sans guide pour traverser le Sahara, les vacanciers auraient pu tomber en panne ou se perdre, incidents fréquents dans le désert. La simultanéité et le nombre des groupes égarés conduisent cependant les autorités à n’écarter aucune piste. Comme celle d’une action terroriste, par exemple.
La presse algérienne a signalé la présence dans la région de l’émir Mokhtar Benmokhtar, un des lieutenants de Hassan Hattab, chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Reste que les terroristes ne se sont jamais manifestés dans cette région de l’Algérie. Les soupçons se tournent plutôt vers les contrebandiers et les trafiquants opérant notamment avec le Niger et la Libye.
Comme il se doit, les pays européens s’inquiètent de la disparition de leurs ressortissants. Le ministre allemand de l’Intérieur, qui devait se rendre en Tunisie pour clore l’enquête sur l’attentat perpétré à Djerba en avril 2002, s’est d’ailleurs arrêté à Alger, le 8 avril, pour rencontrer son homologue algérien Noureddine Yazid Zerhouni. Il a envoyé en Algérie des enquêteurs et des officiers de l’unité d’élite paramilitaire GSG-9, spécialisée dans les prises d’otages et les enlèvements. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse ont d’ores et déjà décidé de rapatrier les citoyens européens présents sur place.
Quelle que soit la raison des disparitions, c’est une mauvaise affaire pour l’Algérie, qui n’avait pratiquement plus que le désert pour attirer les touristes. Depuis 2000, les étrangers revenaient doucement visiter les grottes du Tassili et le désert du Hoggar. Mais le 9 avril, le département d’État américain publiait une note d’alerte sur le Sud algérien et, depuis peu, on peut lire dans les « Conseils aux voyageurs du ministère français des Affaires étrangères » que tout déplacement dans le Grand-Sud est, pour le moment, formellement déconseillé. Après le crash de l’avion d’Air Algérie à Tamanrasset, le 6 mars, c’est un coup dur pour les professionnels du tourisme de la région. Et pour la réputation de l’Algérie.

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