Ce qu’a dit Garang à Moubarak

Le chef des rebelles sudistes a plaidé sa cause auprès du président égyptien.

Publié le 16 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Quelques heures avant de recevoir Omar Hassan el-Béchir, son homologue soudanais, le président égyptien Hosni Moubarak s’est longuement entretenu, le 7 avril, au Palais el-Kouba, siège de la présidence, avec John Garang, patron du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), la rébellion sudiste. Dans les chancelleries, la présence simultanée au Caire des frères ennemis soudanais a aussitôt suscité des rumeurs quant à la tenue d’un sommet tripartite. Rumeurs vite démenties par l’ambassade du Soudan. Pourtant, Garang a tout lieu d’être satisfait : les autorités ont déroulé pour lui le tapis rouge, alors que, il n’y a pas si longtemps, il n’était pas vraiment en odeur de sainteté dans la capitale égyptienne. Avant de rencontrer le raïs, le chef du MPLS a en effet eu plusieurs séances de travail avec Ahmed Maher, le chef de la diplomatie. Par ailleurs, il s’est longuement entretenu avec Oussama el-Baz, le conseiller diplomatique de Moubarak, et, plus discrètement, avec Omar Souleimane, le chef des Moukhabarate (services de renseignements), qui est chargé des dossiers sensibles auprès de la présidence. Ce n’est sans doute pas l’accueil auquel ont droit les chefs d’État, mais on n’en est pas si loin.
Il est vrai que, durant les six années de transition précédant la tenue d’un référendum d’autodétermination, Garang est appelé à diriger les provinces méridionales. Depuis que l’administration américaine s’est impliquée dans la recherche d’une solution au conflit meurtrier qui déchire le Soudan depuis vingt ans, reléguant au second plan la médiation égypto-libyenne, il est indiscutablement en position de force. Pourtant, il s’est efforcé de rassurer ses interlocuteurs égyptiens, devant qui il s’est bien gardé d’évoquer la perspective de l’indépendance du Sud-Soudan, à laquelle ils sont farouchement hostiles. « Nous sommes pour l’unité du pays, a-t-il répété sur tous les tons, mais celui-ci ne peut connaître la paix et retrouver sa cohésion que s’il y a un changement radical, avec notamment l’instauration de la liberté religieuse et le partage équitable des richesses et des responsabilités au sein des institutions nationales. »
Selon le chef du MPLS, l’Égypte doit s’impliquer dans le développement des provinces du Sud-Soudan et, surtout, faire pression sur Khartoum pour qu’il accélère les négociations en vue de la mise en oeuvre des accords de paix de Machakos. Moubarak a reçu Garang le jour même de la reprise des pourparlers de Nairobi, sous l’égide du général à la retraite Lazaro Sumbeyo, le « facilitateur » kényan. Les négociateurs commencent à aborder les questions ultrasensibles de la sécurité (faut-il, pendant la période de transition, mettre en place deux forces de police distinctes, au Nord et au Sud ?) et du partage des ressources, en premier lieu pétrolières. Moubarak semble avoir été convaincu par Garang. Reste à savoir s’il acceptera de faire pression sur el-Béchir.

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