[Infographie] Burkina Faso : les leçons d’une présidentielle

Victoire dès le premier tour pour Roch Marc Christian Kaboré, grand retour du CDP conduit par Eddie Komboïgo, score timide pour Zéphirin Diabré… Ce qu’il faut retenir des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 22 novembre.

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle du 22 novembre 2020. © Sophie Garcia/AP/SIPA

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle du 22 novembre 2020. © Sophie Garcia/AP/SIPA

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Publié le 28 novembre 2020 Lecture : 3 minutes.

Roch Marc Christian Kaboré, réélu pour un second mandat avec 57,87% des voix dès le premier tour, a très largement devancé ses concurrents, selon les résultats provisoires proclamés jeudi 26 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Si le taux de participation a été relativement faible (50,79 %, alors qu’il avait été de 60 % en 2015), et que le scrutin s’est par endroits déroulé dans un contexte sécuritaire tendu qui a entraîné la fermeture de quelque 1 300 bureaux de vote – soit environ 6 % du corps électoral – ,  les Burkinabè ont placé le président sortant en tête dans 43 des 45 provinces du pays.

Le « coup KO » Kaboré

Mais derrière ce « coup KO » du président Kaboré, la cartographie électorale de ce scrutin est riche d’enseignements quant à la recomposition en cours de l’opposition. Premier d’entre eux : l’assise acquise par Eddie Komboïgo, qui se présentait à la magistrature suprême sous les couleurs du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) – il est arrivé en deuxième position, avec 15,48 % des suffrages exprimés. Le candidat du parti de Blaise Compaoré, l’ancien président en exil en Côte d’Ivoire, s’est donc placé devant Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, qui, sous les couleurs de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), a recueilli 12,46 % des voix.

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Il faudra attendre la publication des résultats des législatives pour savoir si Zéphirin Diabré pourra conserver le statut de chef de file de l’opposition, mais son résultat à la présidentielle pourrait, quoi qu’il en soit, le fragiliser dans les mois à venir.

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La percée de Komboïgo

Cette présidentielle a marqué le grand retour du CDP sur la scène politique. En 2015, la candidature de Komboïgo avait en effet été rejetée par le Conseil constitutionnel, en vertu d’une loi écartant de la compétition ceux qui avaient soutenu le projet de modification de la Constitution visant à permettre à Compaoré de briguer un cinquième mandat.

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À l’issu de la guerre fratricide qui l’a opposé à Kadré Désiré Ouédraogo, Eddie Komboïgo, qui préside aux destinées du CDP depuis 2014, a obtenu l’investiture de l’ancien parti présidentiel en mai 2019. Après avoir convaincu les hautes instances du parti, il avait été adoubé par Blaise Compaoré, dont l’ombre a plané sur cette campagne.

Son score montre, s’il en était besoin, que le CDP a encore beaucoup de poids. En particulier dans les bastions historiques du parti. Komboïgo a ainsi raflé la majorité des votes dans la province de l’Oubritenga, où se situe Ziniaré, fief de Blaise Compaoré, en rassemblant plus de 60 % des électeurs. Eddie Komboïgo est arrivé deuxième dans plus de la moitié des provinces (25, sur 45). Et troisième dans 18 autres. Une prédominance au sein de l’opposition qu’il conviendra cependant de confirmer aux législatives, dont les résultats doivent être rendus publics d’ici au dimanche 29 novembre.

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Diabré en « troisième homme »

Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré aura été le « troisième homme » de cette présidentielle qui s’est jouée en un seul tour, puisqu’il a réuni 12,46 % des voix au niveau national. Un résultat qui a dû être d’autant plus décevant pour ses partisans qu’en 2015 « Zeph » – qui était encore auréolé de l’image de rassembleur qu’il s’était forgée lors de l’insurrection populaire d’octobre – s’était hissé à la deuxième place avec un score plus de deux fois supérieur (29,65 %).

Dans le même temps, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) avait remporté 33 des 127 sièges à l’Assemblée nationale, devenant la première formation d’opposition du pays, face à un Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti présidentiel) fort de 55 députés.

Celui qui, pendant la campagne, affirmait avoir appris de ses erreurs et admettait en privé qu’un mauvais score pourrait avoir de lourdes conséquences sur sa carrière politique, est cependant arrivé en première position dans la province de Boulgou, avec 51,5 % des voix, et en seconde position dans 14 provinces, y compris dans le Zoundwéogo (32 %), sa province d’origine.

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Percées locales pour Kadré Désiré Ouédraogo

Ancien Premier ministre de Blaise Compaoré, Kadré Désiré Ouédraogo, qui n’est pas parvenu à obtenir l’investiture du CDP, s’est lancé sous les couleurs du parti Agir Ensemble. L’ex-président de la Commission de la Cedeao n’a recueilli que 3,36 % des voix au niveau national. Mais, localement, il a confirmé son implantation dans les provinces de Sanmatenga (32,8 %) et de Yagha (18,6 %), ainsi que, dans une moindre mesure, dans celles de Namentenga (6,5%) et de Kompienga (11,9 %).

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