Gabon : l’ancien ministre Marcel Eloi Rahandi Chambrier est décédé

Ancien ministre et président de l’Assemblée nationale, Marcel Eloi Rahandi Chambrier est décédé ce 27 novembre à l’âge de 86 ans. Pilier du Parti démocratique gabonais, il s’était progressivement retiré de la vie politique, laissant la place à son fils, Alexandre Barro-Chambrier, aujourd’hui opposant.

L’ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon, Eloi Rahandi Chambrier, ici en juillet 2019, est décédé le 27 novembre 2020. © Desirey Minkoh/Afrikimages Agency

L’ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon, Eloi Rahandi Chambrier, ici en juillet 2019, est décédé le 27 novembre 2020. © Desirey Minkoh/Afrikimages Agency

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Publié le 27 novembre 2020 Lecture : 3 minutes.

Une dernière haie d’honneur. C’est au cœur des applaudissements respectueux des soignants que Marcel Eloi Rahandi Chambrier a quitté pour la dernière fois la clinique portant son nom du quartier Montagne-Sainte de Libreville. L’ancien président de l’Assemblée nationale s’y est éteint, jeudi 27 novembre, à l’âge de 86 ans. « Le pays vient de perdre l’un des derniers pères de la nation », résume un proche de la famille.

Né le 1er décembre 1933 à Libreville, Marcel Eloi Rahandi Chambrier fait ses classes à l’école catholique Montfort puis, en France, au lycée Michelet de Vanves, en région parisienne. Son baccalauréat en poche, il prend la direction de l’Institut de médecine tropicale de la faculté de Paris, boucle son internat, avant de rentrer au Gabon en 1963. Il devient à l’époque le premier pédiatre du pays, dirigeant son nouveau service à l’hôpital de Libreville.

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Mais le docteur n’est, déjà, jamais bien loin de la politique. En 1957, déjà, alors qu’il étudiait à Paris, il était l’un des membres du comité exécutif de la Fédération des étudiants d’Afrique noire francophone, la célèbre FEANF. Rentré au Gabon, son engagement est intact. En 1964, alors qu’échoue la tentative de coup d’État contre le président Léon Mba, après l’intervention des militaires français pour rétablir ce dernier, Marcel Eloi Rahandi Chambrier est arrêté et, lors du procès de Lambaréné, condamné à dix ans de prison pour complicité. Le Mpongwé avait accepté de faire partie du gouvernement provisoire des putschistes, l’instar de Paul Gondjout, dont il était proche depuis ses années parisiennes.

D’Ali Bongo Ondimba à Jean Ping

Mais Léon Ma meurt le 28 novembre 1967 d’un cancer. Albert Bernard Bongo, futur Omar Bongo Ondimba lui succède, amenant une période de détente et la libération des condamnés du procès de Lambaréné. En mars 1968, Marcel Eloi Rahandi Chambrier, qui a créé sa polyclinique privée depuis quelques mois, devient l’un des membres fondateurs du nouveau « parti des masses », le Parti démocratique gabonais (PDG), successeur du Bloc démocratique gabonais (BDG) de Léon Mba.

Figure locale, aisé financièrement grâce à ses activités professionnelles et aux revenus qu’il tire de l’exploitation forestière, le pédiatre devient l’un des principaux dignitaires du régime. Plusieurs fois ministre sous Léon Mébiame Mba (1975-1990) et Casimir Oyé Mba (1990-1994), il sera député et président de l’Assemblée nationale (1993-1996) après la démission de Jules-Aristide Bourdes-Ogouliguende.

Alors que le PDG voit plusieurs de ses grands pontes quitter le navire dans les années 1990 puis 2000, Marcel Eloi Rahandi Chambrier restera fidèle à Omar Bongo Ondimba, lequel décède en juin 2009. Cette même année, il soutient Ali Bongo Ondimba pour la succession, avant de se mettre, peu à peu, en retrait de la vie politique, où son fils, Alexandre Barro-Chambrier se fait une place.

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Jouant le rôle de mentor pour son héritier, qui choisit finalement de quitter le PDG pour l’opposition à l’approche de la présidentielle de 2016, cette « grande gueule », comme certains l’ont décrit, favorise le ralliement à la candidature de Jean Ping, au détriment, en particulier, de Guy Nzouba-Ndama.

Affaibli, Marcel Eloi Rahandi Chambrier avait depuis officiellement quitté le monde politique. Ayant passé la main, il continuait toutefois d’être « un observateur » des turpitudes de la vie publique gabonaise, comme le confiait son fils en 2018 à Jeune Afrique. Alexandre Barro-Chambrier, qui le « consultait régulièrement », utilisait d’ailleurs fréquemment le domaine familial du cinquième arrondissement de Libreville pour ses réunions publiques.

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« ABC » est désormais le seul dépositaire du destin politique de la nombreuse, et influente, famille Chambrier. Sauf surprise, il se portera candidat à l’élection présidentielle de 2023 avec en tête, sans doute, les précieux conseils de son père disparu.

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