Avec les compliments de l’armée américaine

Deux nouveaux bateaux viennent d’être livrés au port de Lagos. L’accordde coopération militaire signé entre Abuja et Washington fonctionnemieux que jamais.

Publié le 16 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Deux navires militaires offerts par les États-Unis, le Kyanwa et le Ologbo, sont arrivés dans le port de Lagos, le 3 avril, en provenance de San Pedro, en Californie. Ces bâtiments, qui datent de la Seconde Guerre mondiale, sont longs d’une soixantaine de mètres et ont à leur bord quarante-deux hommes d’équipage, tous nigérians. Leur arrivée tombe à pic, car ils vont servir immédiatement à protéger les installations pétrolières offshore dans le golfe de Guinée. Celles-ci ont été la cible, ces dernières semaines, d’attaques de la part de militants armés des communautés ijaws, habitants du delta du fleuve Niger (J.A.I. n° 2203). Des violences qui ont fait plusieurs morts, des blessés et d’importants dégâts matériels, contraignant trois compagnies pétrolières, dont l’américaine ChevronTexaco, à arrêter la production de pétrole en mer pendant douze jours.
L’arrivée de ces bateaux en pleine crise n’est cependant qu’une coïncidence. Ils font partie d’un lot de sept navires, fournis par les États-Unis au Nigeria dans le cadre d’un accord de coopération militaire. Une enveloppe de 5,25 millions de dollars, destinée à les armer et à former les marins, les accompagne. En sa qualité de puissance militaire importante au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), le Nigeria a conclu avec les États-Unis plusieurs conventions de ce genre, afin de renforcer les capacités de l’armée nigériane et de professionnaliser ses officiers. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Olusegun Obasanjo, en 1999, Washington a fait passer son aide militaire de 7 millions à 100 millions de dollars. Cet argent a servi à des actions de formation dont la plus réussie, sur le terrain, est peut-être l’Operation Focus Relief (OFR). Ce programme a permis à une unité des forces spéciales de l’armée de terre américaine d’entraîner cinq bataillons nigérians afin de renforcer leur efficacité sur le terrain des opérations de maintien de la paix en Sierra Leone. Doté d’un budget total de 84 millions de dollars, il s’est achevé fin 2001.
Il existe même un accord entre le gouvernement nigérian et la fameuse officine de protection et de sécurité MPRI, qui organise régulièrement des séminaires pour les officiers supérieurs et les hauts responsables du ministère de la Défense. L’un des derniers concernait les techniques de budgétisation des dépenses militaires et la gestion des ressources. Cette fois-ci, l’administration américaine a pris en charge la moitié des dépenses, soit tout de même 3,5 millions de dollars. Même le ministre de la Défense, le général Theophilus Yacubu Danjuma, et le vice-amiral Ibrahim Ogohi, chef d’état-major, suivent ce type de formation.
Pour les États-Unis, le renforcement de la compétence militaire nigériane représente l’option choisie au détriment de l’éventuelle installation d’une base militaire américaine dans l’archipel de São Tomé e Príncipe. Cette possibilité avait été discutée fin 2002 entre Abuja, Washington et São Tomé, pour finalement aboutir à la simple autorisation, pour les bâtiments battant pavillon américain, de croiser dans les eaux nationales.

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