Y a-t-il un ministre à Bercy ?

Publié le 15 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Difficile baptême du feu pour Thierry Breton : lors de son premier Conseil européen, consacré à la réforme du pacte de stabilité, le nouveau ministre français des Finances et ses pairs n’ont pas réussi à trouver un accord. L’Allemagne, la France et l’Italie, les trois États dont les déficits publics dépassent la barre des 3 % du PIB, tentent de faire adopter un nouveau mode de calcul qui exclut certaines dépenses publiques.
En dix ans, neuf argentiers se sont succédé à Bercy. La récente démission d’Hervé Gaymard, coupable d’avoir loué un duplex 14 000 euros par mois aux frais de l’État, n’est pas un cas isolé. Qui se souvient des trois mois d’Alain Madelin ? Ou du discret Jean Arthuis ? Le record de longévité est détenu par Dominique Strauss-Kahn : deux ans et demi. Son successeur, Christian Sautter, confronté à une grève des fonctionnaires, a dû jeter l’éponge. Laurent Fabius a retrouvé son ministère pour quatorze mois seulement jusqu’à la fin de la cohabitation en 2002. Quant à Francis Mer, ancien patron d’Arcelor, il a été remercié : « pas assez politique ». Nicolas Sarkozy, au bout de neuf mois, a préféré la direction de l’UMP.
« Vous êtes mon sixième ministre français de l’économie », s’amusait Hans Eichel, son homologue allemand en poste depuis six ans, lorsqu’il a rencontré pour la première fois Hervé Gaymard.
Cette instabilité est préjudiciable. Elle affaiblit la position de la France dans les discussions avec les pays de l’Union européenne… mais aussi vis-à-vis de ses partenaires du Maghreb et de la zone franc en Afrique subsaharienne. En Europe, la politique de Bercy est de plus en plus contestée par les États scandinaves, chantres de l’orthodoxie financière, qui reprochent à Paris son manque de rigueur budgétaire. Au Maghreb, les pouvoirs publics s’inquiètent du manque de lisibilité de la stratégie française. Beaucoup craignent que le développement des relations économiques avec les nouveaux états membres de l’Est de l’Europe se fasse au détriment des liens historiques avec l’Afrique du Nord. Pour les pays d’Afrique centrale, Bercy ne prend pas suffisamment la mesure de la montée en puissance des nouveaux eldorados pétroliers (Guinée équatoriale, Tchad), qui commande de redéfinir les relations avec la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Thierry Breton, ancien président de France Télécom, qui jusqu’ici n’a jamais consacré plus de deux ans et demi à ses missions, a-t-il à l’esprit toutes ces préoccupations ?

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires