Vers une réévaluation du yuan
Pékin cède en partie aux pressions de Washington.
Publié le 15 mars 2005 Lecture : 1 minute.
Il y a plusieurs manières pour un pays de doper ses ventes à l’étranger. Les Américains et les Européens, fervents avocats du libre-échange, ont choisi depuis longtemps un moyen détourné : aider leurs producteurs à financer leurs exportations grâce à des taux d’intérêt bonifiés. Ce qui permet de réduire le prix de vente à l’étranger tout en maintenant des prix élevés à l’intérieur. Les Chinois, adeptes, eux, du dirigisme économique, ont opté pour la fixité du taux de change du yuan : depuis 1995, le dollar américain vaut 8,28 yuans.
Malgré les critiques, ce double système a fonctionné normalement jusqu’en 2004. Depuis que les pays africains et latino-américains – approuvés le 3 mars par l’Organisation mondiale du commerce – ont demandé l’abolition progressive du système de subventions, les États-Unis harcèlent la Chine pour qu’elle renonce à son régime de change rigide. Et pour cause : avec la forte baisse du dollar, le yuan est surévalué d’au moins 35 %. Trop c’est trop pour Washington. En 2004, le déficit commercial américain avec la Chine a atteint le niveau record de 160 milliards de dollars. Mieux : la Chine a ravi aux États-Unis le titre de destination privilégiée des investissements étrangers avec 60 milliards de dollars en 2004, trente fois plus qu’en 1986.
Cédant donc aux pressions américaines, Guo Shuqing, directeur général de la Commission chinoise de gestion des devises étrangères et vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine (banque centrale), a annoncé, le 5 mars, quatre mesures importantes : accroissement du volume de yuans convertibles ; autorisation pour les compagnies d’assurance chinoises de placer des liquidités à l’étranger ; facilités pour les entreprises chinoises d’investir à l’étranger ; et possibilité pour les institutions étrangères d’émettre des obligations libellées en yuans. « C’est une étape vers la convertibilité totale du yuan », a simplement déclaré Guo Shuqing.
