Un Selecto, sinon rien !

Lancé dans les années 1950, le cola national a toujours les faveurs des consommateurs. Au point de tenir tête aux géants du secteur.

Publié le 15 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Un soleil sur l’étiquette, des bulles couleur cola, un goût de bonbon et un nom connu de tous en Algérie : Selecto. L’ouvrier s’en délecte avec quelques brochettes grillées, le cadre l’apprécie au restaurant, et les jeunes branchés le sirotent pour accompagner leur pizza. « Je préfère boire du Selecto plutôt que du Coca ou du Pepsi, explique un jeune homme attablé dans un snack d’Alger. Ce n’est pas une question de boycottage ou d’antiaméricanisme, je préfère le goût, c’est tout. »
Chez Hamoud Boualem, l’entreprise familiale qui produit le nectar depuis les années 1950, on ne trouve pas d’autre explication. « Le Selecto représente aujourd’hui 40 % de nos ventes… il faut croire que ça plaît ! » indique Mohamed-Réda Hamoud, PDG de la société depuis 1983. « Le Selecto, on en met dans le biberon en Algérie ! C’est le cola national. Les gens aiment par goût et par habitude… »
Le nom de la boisson fétiche renvoie à l’idée de « sélection », pour exprimer le choix des meilleures matières premières pour la recette, gardée, bien entendu, secrète. « C’est mon grand-père qui a inventé le Selecto. C’était un très bon technicien, il avait le métier dans l’âme. Nous utilisons des produits et des arômes de France et d’Algérie pour le fabriquer », précise Mohamed-Réda Hamoud. Son entreprise possède trois unités de production dans la région algéroise. La maison mère, installée dans le quartier du Ruisseau, à Alger, depuis 1927, fabrique plus de 120 millions de bouteilles par an, soit 60 % de la production, toutes marques confondues (Selecto, mais aussi Slim orange, citron et bitter, et la célèbre limonade blanche Hamoud créée dans les années 1880…).
Hamoud Boualem affiche un chiffre d’affaires annuel de 1,6 milliard de dinars (16,5 millions d’euros), et la marque Selecto a toujours joué, et joue encore, un rôle prépondérant dans l’évolution de l’entreprise. Pour satisfaire une demande plus exigeante, des bouteilles de 25 cl sont d’ailleurs venues récemment épauler les lourdes bouteilles en verre de 1 litre. Après avoir connu une situation de monopole dans les années 1980, Hamoud Boualem doit composer avec la concurrence, revenue il y a une dizaine d’années. Sur ce sujet, Mohamed-Réda se veut confiant : « Nous sommes devant Coca-Cola dans les régions du Centre et nous arrivons en deuxième position, devant Pepsi-Cola, au niveau national. » Si la firme exporte ses bulles en Grande-Bretagne, au Canada, aux Pays-Bas, en Espagne et aux États-Unis, le Selecto est surtout présent en France, où il est produit sur place par un embouteilleur de Saint-Étienne. « Nous produisons 4 millions de litres par an pour le marché français. C’est un chiffre très faible, car le Selecto est un produit communautaire. » On trouve des bouteilles chez l’épicier du coin dans le quartier de Barbès, à Paris, dans de nombreuses boucheries halal et même aux rayons de certains supermarchés Auchan dans les villes à forte communauté algérienne. « Au mois d’avril, nous allons lancer le Selecto light en France, annonce le PDG. Cela servira de test avant de le lancer en Algérie. » Le cola algérien évolue avec son temps…

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