Un rappeur du Sud-Soudan

Publié le 15 mars 2005 Lecture : 1 minute.

Remarquable destin que celui d’Emmanuel Jal. Le public le découvre aujourd’hui à travers son disque, Gua, numéro un des hit- parades de rap au Kenya. Il y raconte, avec des phrases brèves et des mots chocs, comment il a quitté son village du Sud-Soudan à la mort de sa mère, pour rejoindre les rebelles de la Sudan People’s Liberation Army (SPLA) de John Garang, où son père était engagé. C’était en 1987. Conduit dans un camp d’entraînement en Éthiopie, il apprend à se servir d’un kalachnikov AK-47. Il a à peine 7 ans. À 11 ans, il est envoyé pour la première fois sur le front. « Je me souviens clairement de la façon dont mes camarades mouraient, comment les chars les écrasaient et le vacarme des hélicoptères qui nous pourchassaient. » Le cauchemar dure quatre ans durant lesquels il connaît toutes les vicissitudes liées à la vie des rebelles, les marches forcées, pieds nus, sur des distances énormes, le manque d’eau et de nourriture, la peur.
Puis un jour, les pourparlers de paix engagés entre la SPLA et Khartoum prennent un tour concret : une partie des soldats rebelles est démobilisée. Adopté par une travailleuse humanitaire, Emma McCune, Emmanuel la suit au Kenya, à Nairobi. La jeune femme va s’occuper de son éducation, jusqu’à ce qu’elle soit tuée dans un accident de la route. « La musique a guéri mon âme et tous les traumatismes dont je souffrais », raconte aujourd’hui le jeune rappeur. Il espère que les bénéfices de son album, édité par Riverboat Records/ World Music Network, vont lui permettre d’aider d’autres enfants- soldats à aller à l’école et, ainsi, leur redonner un peu de l’enfance qu’ils n’ont pas eue.

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