Tout un symbole

Publié le 14 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Nommée en 2004 présidente de la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO) pour les jeux de 2012, Nawal el-Moutawakil est arrivée à Paris le 8 mars à la tête d’une délégation chargée d’évaluer la candidature de la capitale française. Native de Casablanca, d’extraction modeste, Nawal el-Moutawakil est tout un symbole : elle est la première femme marocaine, arabe, africaine et musulmane à avoir réussi à franchir tous les obstacles, avant de franchir les « haies ». Un conte de fées ? Non, beaucoup de travail et un peu de chance.

Jeux Olympiques de Los Angeles, le 8 août 1984. Une jeune femme frêle, âgée de 22 ans, brandit difficilement le drapeau marocain en titubant. Nawal el-Moutawakil vient de remporter la finale du 400 mètres haies. Au Maroc, la population n’en croit pas ses yeux, puis, rapidement, c’est « le grand soir ». Une foule en délire envahit les rues. L’émotion est à son comble. « Je n’ai que 22 ans, mais je savais que cette course était l’occasion de ma vie », déclare la championne olympique à l’issue de la course. Et pour cause : les Jeux avaient été boycottés par les pays de l’Est. La « petite Nawal » (elle mesure à peine 1,59 m) venait de réussir, tout simplement, « l’épreuve de sa vie ». D’ailleurs, sa carrière sportive a fait long feu après ce triomphe, puisqu’elle s’est arrêtée en 1987. Au Maroc, Nawal et Saïd Aouita, médaille d’or du 1 500 m, sont accueillis en héros populaires. Dans la foulée, des chansons louant leur exploit sont improvisées, et toutes les filles nées ce 8 août 1984 auraient été, dit-on, prénommées « Nawal ».

la suite après cette publicité

Entrée dans la légende, Nawal se devait de « capitaliser ». Elle devient rapidement « ambassadrice du sport », ce qui lui a permis de voyager et de nouer des contacts qui lui seront utiles plus tard. Mais elle est rattrapée par des fonctions plus officielles (voire politiques). En 1997, Hassan II la nomme secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires sociales chargée de la Jeunesse et des Sports. Elle fait partie d’un quatuor de femmes nommées pour la première fois à des postes ministériels.
En mai 2000, Nawal crée l’association Sport et développement, dont l’objectif est « d’aider les jeunes athlètes socialement défavorisés ». Comme Saïd Aouita, elle est issue d’un milieu populaire : « Je n’avais pas un rond et je courais pieds nus », se souvient-elle. Depuis maintenant six ans, elle organise un minimarathon de 10 kilomètres dans les ruelles de Casablanca : la Course des femmes. Y participent chaque année plus de 10 000 femmes de tous âges, toutes conditions, toutes cultures, avec ou sans voile. Tout un symbole, aussi.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires