Gorbatchev à la tête de l’URSS

Publié le 15 mars 2005 Lecture : 3 minutes.

C’était au temps où le Politburo, l’organe suprême du sacro-saint Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), était peuplé de septuagénaires fossilisés. Au pays des gérontes, les secrétaires généraux tombaient comme des mouches : après Leonid Brejnev, décédé le 10 novembre 1982 après dix-huit ans de règne, Youri Andropov s’était éteint le 9 février 1984, suivi de près par Constantin Tchernenko, le 10 mars 1985. C’est bien simple : les dirigeants occidentaux ne se rendaient plus à Moscou que pour assister à des funérailles. Ils profitaient de l’occasion pour faire connaissance avec l’organisateur de ces macabres cérémonies, qui se trouvait être le successeur quasi assuré du défunt.

Le 11 mars 1985, le lendemain de la mort de Tchernenko, l’agence Tass annonce l’élection, à l’unanimité, de Mikhaïl Gorbatchev (54 ans) au poste de secrétaire général du PCUS. Quelques jours plus tard, dans un discours « de parrainage », Andreï Gromyko, omnipotent ministre des Affaires étrangères et cacique du régime, apporte un soutien de poids au nouveau dirigeant : « En raison de mes responsabilités, je perçois peut-être plus clairement que certains autres camarades que Mikhaïl Gorbatchev comprend très vite l’essentiel des événements qui ont lieu hors de notre pays. » Ce qui revient à avouer que quelques réticences se sont manifestées : autant de tentations de retour en arrière (malgré un unanimisme de façade) après les réformes entamées par Andropov. La décennie écoulée, en effet, n’a pas été glorieuse au pays des lendemains qui chantent : immobilisme politique, marasme économique, regain des tensions internationales… Avec, pour abcès de fixation, le bourbier afghan et la crise polonaise. Et, pour toile de fond, la coûteuse course aux armements engagée par une Amérique reaganienne qui retrouve la confiance.
Mais derrière ces batailles d’appareil où se joue la survie du régime se dessine le profil d’un nouveau dirigeant : intelligent, compétent, pragmatique. Né en 1931 dans la région de Stavropol (sud de la Russie), Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev a étudié le droit à l’université de Moscou et gravi très vite les échelons du pouvoir, dans l’ombre, notamment, d’Andropov, qui voyait en lui son héritier spirituel.
Pourtant, en 1984, Gorbatchev, membre du Politburo depuis quatre ans, avait été écarté in extremis du poste suprême au profit de Tchernenko. Il n’en était pas moins devenu, de fait, le numéro deux du régime. Gromyko révélera qu’en l’absence du secrétaire général, souffrant, Mikhaïl Sergueïevitch avait présidé les réunions du bureau politique « sans exagération et de façon brillante ».
Et de louer les qualités de l’impétrant, un « homme de principes et de fortes convictions », qui « parle directement, que cela plaise à son interlocuteur ou non ». Margaret Thatcher, premier dirigeant occidental à avoir reçu le nouveau maître du Kremlin, trois mois avant son avènement, avait été séduite par cette franchise, atténuée par les intonations chaleureuses de ce méridional. « J’aime bien M. Gorbatchev, nous pouvons travailler ensemble », avait commenté le Premier ministre britannique, avant de le recommander à son ami Ronald Reagan.

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Le 13 mars, après les funérailles de son prédécesseur, le nouveau secrétaire général du PCUS s’entretient avec plusieurs responsables étrangers. Parmi eux, le vice-président George Herbert Bush, qui juge son interlocuteur « très compétent et sûr de lui ». L’Américain est encore loin de se douter de l’oeuvre involontairement révolutionnaire que s’apprête à engager Gorbatchev.
Très vite, ce dernier prône la relance des investissements productifs au détriment des dépenses militaires et compte sur la moralisation de la vie publique pour régénérer le système. Voici venue l’ère de la glasnost (« transparence ») et de la perestroïka (« restructuration »). Emporté par le cours de l’Histoire, Gorbatchev, qui venait d’ouvrir la voie à la démocratie, allait devenir – bien malgré lui – le fossoyeur de l’Empire soviétique.

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