Erdogan en terre inconnue

Première visite en Afrique du Sud et en Éthiopie.

Publié le 15 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

A la surprise générale, il a décrété que 2005 serait « l’année de l’Afrique ». Et il a joint l’acte à la parole en se rendant, du 1er au 5 mars, en Éthiopie et en Afrique du Sud, deux pays qu’aucun Premier ministre turc n’avait visités « depuis la fondation de la République » (en 1923). Pour Recep Tayyip Erdogan, le continent fait désormais partie de « la nouvelle dimension de la politique étrangère et commerciale » de la Turquie. « Notre pays a besoin d’améliorer ses relations avec l’extérieur, dans tous les domaines. Une politique isolationniste et statique ne nous aiderait pas », a-t-il lancé en réponse aux médias turcs qui ne l’avaient jamais autant brocardé qu’à l’occasion de cette tournée. Pas de chance pour lui : elle coïncidait avec le deuxième anniversaire de sa nomination à la tête du gouvernement…
« Erdogan s’est rendu dans quarante-sept pays et a parcouru 362 085 km, soit neuf fois le tour de la terre », ironisait le quotidien Hürriyet… qui lui reprochait naguère de n’avoir jamais mis les pieds hors de Turquie ! Main dans la main avec Emine, son épouse, Erdogan se fait le commis voyageur d’un pays moderne, postulant à l’entrée dans l’Union européenne (UE) et qui entend bien conquérir des marchés. Pourtant, pour montrer que l’entraide fraternelle peut aller de pair avec les intérêts économiques, il s’est d’abord rendu dans un pays qui n’est pas le plus prospère, accompagné d’une importante délégation d’hommes d’affaires. « Nous voulons contribuer au développement de l’Éthiopie, partager avec elle notre expertise dans les secteurs du textile, du cuir, de l’armement et de l’énergie », a indiqué Erdogan au cours de la conférence de presse qu’il a donnée avec Mélès Zenawi, le chef du gouvernement éthiopien.
L’objectif du Premier ministre turc, qui s’est également entretenu avec le président Girma Woldegeorgis, est de quintupler le volume des échanges bilatéraux (100 millions de dollars en 2004). Symbole de cet infléchissement diplomatique, une agence de coopération et de développement turque (Tika) a été inaugurée à Addis-Abeba. Lors d’une prochaine visite à Ankara, Zenawi devrait assister à la réouverture de l’ambassade d’Éthiopie.
À Pretoria et au Cap, Erdogan a rencontré le vice-président Jacob Zuma, le président Thabo Mbeki, plusieurs membres de commissions parlementaires et des hommes d’affaires. Avec Zuma, il a signé deux accords de coopération économique et douanière, les deux pays s’octroyant au passage la clause de la nation la plus favorisée. En 2004, les exportations sud-africaines à destination de la Turquie (1 milliard de dollars, dont 10 % pour la seule vente d’or) ont bondi de 205 %, tandis que les importations (0,2 milliard de dollars) croissaient de 57 %.
Les exportations turques en direction du continent représentent aujourd’hui 3 milliards de dollars par an, un chiffre qu’Erdogan souhaite voir doubler. Plusieurs voyages sont à son programme pour 2005 : en Égypte, au Soudan, en Libye et au Nigeria (auquel la Turquie achète déjà du gaz naturel). La coopération énergétique constitue un enjeu important pour Ankara : un projet de gazoduc « arabe » partant d’Égypte et traversant la Jordanie, le Liban et la Syrie est à l’étude. Il pourrait, à terme, desservir la Turquie et les pays de l’UE.

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