De quoi demain sera fait ?
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Le cinquième recensement de la population tunisienne livre, dix ans après le précédent, une radioscopie étonnante du pays. Surtout si on la compare à celle des voisins marocain et algérien. Moins d’enfants, population vieillissante, célibat « galopant » : la Tunisie se rapproche à grands pas des standards des pays de la rive nord de la Méditerranée. Fruit d’une modernisation certaine et d’une politique de planning familial lancée dès l’indépendance, cette métamorphose de la société tunisienne est sans équivalent au Maghreb.
Alors que le Maroc et l’Algérie se sont lancés tardivement dans une réforme plus ou moins profonde de leurs codes de la famille respectifs, la Tunisie, elle, a depuis longtemps pris en charge et amélioré le statut de ses femmes. Mieux insérées dans la vie publique et professionnelle, protégées par un cadre juridique qui laisse peu de place à l’interprétation subjective d’un juge, les femmes veulent poursuivre leurs études le plus loin possible, se marier quand elles en ont envie, et profiter plus longtemps des joies du célibat. Elles souhaitent s’assumer, être libres, conjuguer vies professionnelle et familiale, choisir le père de leurs enfants, vivre sans complexe. Du coup, ce sont les hommes tunisiens qui, parfois, sont déboussolés. Ils ont beau être « modernes », ils n’en demeurent pas moins méditerranéens…
Autre phénomène, le vieillissement de la population. Problème de riches ? On vit mieux, plus longtemps (l’espérance de vie est estimée à 73 ans). Du coup se pose la question de l’accompagnement de cette évolution, des retraites, du nombre d’actifs, etc. Il faudra apprendre à gérer les conséquences politiques et sociales de ce papy-boom.
La mutation de la société tunisienne, la transformation des modes de consommation, les relations hommes-femmes, jeunes-vieux, le chômage : la radioscopie est claire, précise. Les réponses à ces défis ? Elles ne concernent pas seulement l’État, omniprésent mais pas omnipotent. Les Tunisiens devront mettre la main à la pâte pour conserver leurs acquis, préparer l’avenir et accompagner cette mue, qui, si elle correspond le plus souvent à leurs aspirations profondes, n’en représente pas moins une source d’inquiétude. De quoi demain sera-t-il fait ? Réponse dans dix ans…
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