Courte visite, gros enjeux

Le séjour à Malabo du chef de la diplomatie de Madrid est-il le signe d’un retour à des relations apaisées entre les deux pays ?

Publié le 15 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

A l’invitation de son homologue Pastor Micha Ondo Bile, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, s’est rendu à Malabo du 27 au 28 février dernier. Une visite éclair, certes, mais ô combien nécessaire au retour à des relations apaisées entre ces deux pays qui n’en finissent pas de se retrouver, pour mieux se disputer. Ce fut encore le cas l’année dernière quand le président Obiang Nguema a mis en cause l’ancienne puissance coloniale dans la tentative de coup d’État du 6 mars 2004 contre son régime. Il lui reproche en outre de donner asile à l’opposant Severo Moto, qu’il considère comme l’instigateur du putsch manqué.
Le remplacement de José María Aznar par le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero au poste de Premier ministre semble donc avoir favorisé la reprise du dialogue, autant, peut-être, que la discrète médiation conduite par le président sénégalais Abdoulaye Wade qui a pris l’initiative de réunir les deux parties le 8 décembre, à la résidence de son ambassadeur à Paris. C’est là qu’elles seraient parvenues à dégager la démarche de normalisation dont le premier acte vient de se jouer à Malabo. En retour, Pastor Micha est attendu prochainement à Madrid. Entretemps, la mise en place d’une commission mixte devrait permettre de faire avancer plusieurs dossiers : dette, aide économique, accès des entreprises espagnoles au marché équatoguinéen…
Au cours de cette année – si tout se passe bien -, le président Obiang pourrait se rendre en visite officielle à Madrid, et José Luis Rodriguez Zapatero faire le déplacement de Malabo peu après. Pour l’heure, le communiqué officiel produit à l’issue de la rencontre, à Bata, entre Moratinos et le président Obiang porte encore les stigmates du passé. Le gouvernement espagnol y « réitère son rejet de toute action de déstabilisation ou tentative de prise du pouvoir par des voies non démocratiques […] et souligne qu’il utilisera tous les moyens légaux à sa disposition pour empêcher que depuis le territoire espagnol soit planifié ou organisé ce type d’actions ». De son côté, la Guinée équatoriale admet que « la lutte contre la pauvreté, le respect et la promotion des droits de l’homme sont indissociables du développement ».
Quant à l’éventuelle extradition de Severo Moto, Moratinos a rappelé qu’elle reste soumise aux preuves de son implication dans la tentative de putsch, et qu’en tout état de cause l’Espagne ne saurait l’expulser vers un pays où la peine de mort n’est pas abolie. Enfin, si le ministre espagnol a juré qu’au cours de sa visite « il n’a presque pas été question de pétrole », il n’en reconnaît pas moins que les autorités du pays ont manifesté le désir de recevoir Antonio Brufau, le président de l’entreprise pétrolière espagnole Repsol-YPF, à ce jour peu favorisée dans la répartition des blocs.

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