Bavures en série

Publié le 15 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Consubstantielles à toute situation de guerre, mais généralement proportionnelles au degré de professionnalisme des forces engagées, les bavures entre les soldats américains et leurs alliés – les « tirs fratricides » – se sont multipliées depuis le début de l’invasion de l’Irak, en mars 2003. Pendant la courte période de conquête militaire, les Américains ont ainsi abattu par erreur un chasseur Tornado britannique et un FA-18 de l’US Air Force, causant dans les deux cas la mort du pilote et du copilote. Des avions d’attaque au sol américains ont également bombardé à deux reprises des batteries de missiles Patriot, ainsi qu’un convoi blindé britannique. Deux chars Abrams et deux Challengers se sont mutuellement détruits. Enfin, le 6 avril 2003, un convoi mixte de forces spéciales américaines et de combattants kurdes alliés a été anéanti par un F-15, non loin d’Erbil. Bilan : 22 morts, dont 4 Américains.
Passée la phase principale des hostilités, les bavures entre amis ont continué. Le 11 septembre 2003, douze membres de la nouvelle police irakienne en opération non loin de Fallouja ont été abattus par une patrouille américaine, qui les avait confondus – malgré leur uniforme bleu – avec des résistants. Deux mois plus tard, Mohamed Ghazi Mouhanned, le jeune maire du quartier de Sadr-City, à Bagdad, a été mitraillé à bout portant à l’entrée du périmètre municipal par un GI qui refusait de le laisser passer. Il venait d’être nommé par Paul Bremer, l’administrateur civil américain… Au total, une dizaine d’incidents mortels entre soldats américains et membres des forces de sécurité irakiennes ont été recensés en 2004. Enfin, le jour même où le véhicule transportant l’otage italienne Giuliana Sgrena était mitraillé, un détachement bulgare de la coalition, qui tenait un point de contrôle entre Diwaniyah et Bagdad, a essuyé les tirs d’une position américaine située à 150 m de là : un mort et trois blessés.
Ce décompte n’inclut évidemment pas les autres bavures, quotidiennes celles-là, commises par les Américains et leurs alliés à l’encontre des civils. Le seul nombre des Irakiens innocents abattus autour des innombrables check-points qui parsèment le pays – parce que leurs véhicules roulaient trop vite, ne s’étaient pas arrêtés à temps, n’avaient pas leurs phares allumés ou paraissaient suspects – s’élève à une cinquantaine par mois. Une compensation financière symbolique (un millier de dollars) est parfois versée à la famille de la victime, selon le bon vouloir des chefs d’unités présents sur les lieux.

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