Élections régionales au Cameroun : que pèsent vraiment les chefs traditionnels ?

Ils ne cessent de gagner des positions de pouvoir dans l’appareil d’État. Lors des élections régionales, 20 seront élus au titre du « commandement traditionnel ». Pourtant, sur le terrain, l’influence des chefs traditionnels s’amenuise.

Le roi Fon Angwafor III est également le premier vice-président du RDPC, le parti de Paul Biya. © DR

Le roi Fon Angwafor III est également le premier vice-président du RDPC, le parti de Paul Biya. © DR

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 4 décembre 2020 Lecture : 6 minutes.

Un électeur camerounais plonge son doigt dans l’encrier après avoir voté, lors du scrutin présidentiel d’octobre 2018. © Sunday Alamba/AP/SIPA
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Régionales au Cameroun : les enjeux du scrutin

Si les régionales du 6 décembre devraient être marquées par un raz-de-marée du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) n’en est pas moins aux prises, dans certaines régions, à d’âpres luttes internes. Tour d’horizon des enjeux, du Littoral à l’Est, en passant par les fiefs du Sud et du Centre.

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C’est un cadeau qui tombe comme un pavé dans marre. Le 2 décembre dernier le président camerounais, Paul Biya, a décidé d’accorder un « appui financier » aux chefs traditionnels candidat à l’élection des conseillers régionaux du 6 décembre prochain. Pour en informer l’opinion publique, le gouvernement a choisi le moyen du communiqué, un mode de communication qui a dispensé son signataire, le ministre de l’Administration territoriale, de toute référence à la loi.

En fait, il existe bien une loi sur le financement des campagnes électorales. Mais aucune disposition légale ne fait mention du financement des candidatures indépendantes des chefs traditionnels. Saisissant l’opportunité de ce vide juridique le chef de l’État, qui préside en même temps le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), – le parti au pouvoir largement favori dans ce scrutin au terme duquel il devrait emporter la majorité des conseils régionaux – , se présente en bienfaiteur auprès des « gardiens des traditions ».

Chefs « authentiques » ou « administratifs »

Soigner ses relations avec ces personnalités exerçant une forte influence morale et spirituelle sur leurs administrés n’a rien de désintéressé. C’est un investissement dont l’auteur attend des dividendes lorsque ses obligés siègeront au sein des conseils régionaux. Il faut dire que le pouvoir hyper centralisé de Yaoundé met en place ces élections comme on boit une potion amère. Il a attendu 24 ans après l’entrée en vigueur de la Constitution qui les prévoit, pour organiser les premières régionales de l’histoire du pays.

Quoi qu’il en soit, le 6 décembre, chacune des dix régions du Cameroun va élire 90 conseillers régionaux dont 70 représentants des départements et 20 représentants du « commandement traditionnel ».

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